DAVID THISTLETHWAITE
Cet article se fonde sur une consultation sur le style de vie, effectuée en 2003 par JRI Associates et Oxford SAGE. Il s’intéresse aux questions personnelles soulevées par la crise mondiale de l’environnement, et devrait être lu en relation avec d’autres études de JRI.
L’expression ’style de vie’ a aujourd’hui une connotation assez nette de « richesse ». Elle est en rapport avec le fait d’avoir assez d’argent, au-delà du nécessaire, pour faire de sa vie ce que l’on veut, ou même de la faire apparaître aux autres sous un jour particulier. Le style de vie est illustré par la cuisine moderne, qui n’est pas tant une pièce qu’un concept, stylisé dans chacune de ses composantes, pour créer un certain effet.
L’idée de ’maison paysanne’ ou de ’meuble rustique’ évoque elle plutôt l’existence bien installée de communautés établies depuis longtemps au même endroit, tandis que la famille moderne est constamment déracinée. Beaucoup d’argent sera dépensé pour essayer de surmonter ce sentiment de provisoire. Aux améliorations domestiques, on pourrait ajouter la recherche de destinations idéales pour les vacances. Souvent celles-ci devront être des endroits où l’on pourra trouver un tel sens d’enracinement, de vieux villages avec les vestiges d’une existence pré-moderne plus paisible.
Cependant, même en voyage, nous nous attendons à rester dans la bulle de la modernité : nous aimons les images, mais les désagréments que nous tolérons sont limités.
Vie facile et crise environnementale
’Le style de vie’ est donc une combinaison d’aspects pratiques et de symboles porteurs de sens. Il est soutenu par la puissance de la publicité et n’a aucune frontière réelle, excepté que « suffisamment » signifie toujours « légèrement plus que ce que nous avons déjà ». Mais dans la compréhension de ce qui est « bon » s’est introduite, d’abord la rumeur, puis la clameur de la crise de l’environnement. Soudain, ce qui parait « bon » devient contestable.
Nous pouvons nous mettre dans la peau des propriétaires d’esclaves des Etats du Sud, aux Etats-Unis, dont les consciences chrétiennes étaient, somme toute, tranquilles au regard des moyens grâce auxquels leur style de vie a été rendu possible, ou les chrétiens d’Afrique du Sud qui ont soutenu les injustices de l’apartheid. Aujourd’hui nous apprenons que notre « droit » au transport individuel ou au voyage par avion bon marché, ainsi qu’une bonne partie de nos habitudes de consommateur, est une prospérité gagnée aux dépens des autres, maintenant et dans le futur.
La surconsommation épuise les ressources de la planète, réduit la diversité biologique, et endommage l’espace vital des êtres humains, des animaux et des plantes, particulièrement par les effets du réchauffement climatique, comme les inondations et les sécheresses. À moins de changer, nous sommes destinés à transmettre à nos enfants de meilleurs gadgets, mais aussi un monde plus pauvre, plus laid, et moins fécond.
Alors que cette découverte apparaît, elle crée des dilemmes moraux. Notre style de vie occidental ne se modifie pas si facilement. Les membres d’une famille sont dispersés au loin, et le voyage en voiture ou en avion les rassemble. Comment concilions-nous la famille et les priorités au niveau mondial ?
Les marchandises dans nos magasins sont souvent transportées sur des milliers de kilomètres, à un coût environnemental qui, en Grande-Bretagne, n’est peut-être plus supportable. Mais les fleurs de supermarché arrivées en avion du Kenya ont apporté beaucoup de joie à un ami. Était-ce là un cadeau sacré ou un moment de faiblesse du consommateur ?
S’ajoute à la prise de conscience écologique, l’horreur de la pauvreté du monde, horreur dont nous sommes toujours en grande partie protégé. Soudainement nous constatons que notre ’bonheur’ fait le malheur de quelqu’un d’autre. Économiquement, ce n’est pas facile à comprendre. Nous payons des marchandises et des denrées venant des quatre coins du monde. Mais j’apprends que ce transfert de richesse qui sort de ma poche ne va pas jusque dans la poche de la famille qui produit ce que j’utilise et ce que je mange. Normalement nous considérons que la transaction est terminée quand nous avons payé la marchandise. Et maintenant, nous découvrons qu’être un tant soit peu impliqué dans le commerce, éveille notre conscience à des responsabilités d’ordre mondial, et nous conduit à y faire face.
Examen de conscience
Comment des personnes consciencieuses répondent-elles à une situation où toutes les choses qu’elles jugent « bonnes » – aisance matérielle, voyages, nourriture et biens à bon marché – se révèlent « nuisibles », affectant aussi bien les générations présentes qu’infligeant à la Terre des cicatrices et détruisant les créatures de Dieu ? Il me semble qu’il y a trois stratégies que nous avons tendance à adopter dans les divers domaines de notre vie.
La première stratégie est une certaine dose de retrait de la vie moderne. Si nous en faisons moins et dépensons moins, la poids de notre impact négatif sur l’environnement sera moindre. Mais n’importe quelle dissociation d’avec le monde, à la façon d’un ermite, a aussi un coût, qui est, à n’en pas douter, le manque de participation aux mouvements et aux événements du monde qui nous entoure. La vie sociale, l’influence et l’action exigent presque invariablement des rencontres et des voyages. Presque tout le monde, et particulièrement quand on est un dirigeant politique, peut se considérer comme une exception à cette nécessité d’économiser du carburant.
La deuxième stratégie est d’adopter ‘un style de vie vertueux’. Ici l’accent est mis sur l’action positive : recyclage, utilisation de transport public, réduction de la consommation d’énergie domestique, voitures économiques, etc. et bien sûr, achat de produits du commerce équitable. Ceci, combiné avec l’organisation d’une campagne, fait la différence. Néanmoins, Il va probablement y avoir, même dans des vies vertueuses, un arrière-plan de compromis. En tant qu’êtres sociaux, nous avons affaire à des pratiques et des institutions dont nous ne sommes pas à l’origine. Par exemple, le système anglais d’approvisionnement alimentaire représente 30-40 % du fret routier total, sans mentionner les 24,000 km de transport aérien que peut représenter une assiette typique de nourriture, mais il n’est toujours pas facile d’acheter des produits locaux…
La troisième, et peut-être la stratégie la plus populaire, est de vivre le style de vie moderne modestement avec un air contrit. Nous faisons ce que nous pouvons pour vivre en nous restreignant par égard pour l’écologie, et nous nous sentons coupables pour ce que nous ne pouvons pas faire.
Le dilemme chrétien
Si nous sommes chrétiens, l’incapacité de ces stratégies à donner entière satisfaction, nous laisse avec un dilemme. En tant que personnes attachées à la Bible, nous comprenons que nous avons une responsabilité à respecter, c’est-à-dire, à profiter positivement de la création. Comme des gens informés, nous découvrons que le style de vie qui nous fait vivre, fait plus de mal que de bien, et que la dégradation arrive plus rapidement que toute réparation possible. Nous sommes responsables, au sens négatif du terme, de ce qui arrive à la création.
Ainsi, d’un côté, nous voulons être vertueux. Mais de l’autre, « y mettre du sien » compense à peine, semblerait-il, les effets négatifs de notre vie et de notre consommation (une estimation approximative de ses conséquences écologiques peut être faite sur www.ecofoot.org). On soupçonne de plus en plus que notre foi chrétienne exige l’impossible.
« Dieu comprend-il ? »
C’est à ce moment que nous en arrivons à nous demander si la foi chrétienne a quelque chose de distinctif pour apporter sa contribution à la question du style de vie. Si elle est là seulement pour nous donner une conscience plus aigüe, et nous nourrir d’un sentiment de culpabilité que nous n’aurions jamais connu sans elle, alors beaucoup d’entre nous préféreraient essayer quelque chose d’autre !
Dans le Nouveau Testament, repentance et pardon supposent de se détourner loin du péché, mais dans ce cas, à cause de notre participation aux péchés plus larges de la société, il semble de façon irritante que nous soyons impuissants à faire cela. Mais Christ nous a-t-il appelés à une vie d’échec, de culpabilité et d’impossibles exigences ? Sinon, sait-il dans quel genre de monde il nous a appelés à vivre ?
Poser ce genre de questions semble d’abord inconvenant ou irrévérencieux. Mais nous devons être honnêtes avec nous-mêmes pour commencer à sonder les couches plus profondes de la vérité chrétienne. Nous sommes si constamment entourés de demandes séculières en matière d’éthique, que nous sommes tentés de réduire le christianisme à une religion d’éthique (obnubilé par l’échec moral) et de ne pas y trouver les ressources réelles propres à traiter les dilemmes pratiques de la vie moderne.
Donc la question de « dans quel genre de monde avons-nous été appelés à vivre ? » est fondamentale, et fait germer quelques réponses surprenantes.
Sauvegarder la planète : notre tâche ?
En premier lieu, la Bible dit que le monde, le cosmos, a été créé par Dieu. Nous sommes des créatures. Cela nous montre que notre position est de suivre, d’essayer de comprendre. Comprendre est un processus, mais pas entièrement un processus scientifique.
Il y a des choses que nous avons seulement apprises scientifiquement, qui auraient dû, peut-être, être d’abord apprises moralement, comme les effets de la négligence, du gaspillage et de l’avidité.
L’une des choses essentielles que nous apprenons est que nous ne sommes pas Dieu. La Bible nous montre que les actions ont des conséquences, et que la totalité des effets engendrés par le méfait humain dépasse notre capacité à réparer. La notion que nous sommes ici pour ‘sauvegarder la planète’, alors que nous sommes, nous, les êtres responsables de son état actuel, semble quelque peu ridicule.
Et pourtant, remettre les choses en état est ce que nous sommes appelés à faire. Ainsi, tant les problèmes de la terre que notre faiblesse à parvenir à les résoudre, devraient nous conduire à Jésus. Il y a un Sauveur, pour nous et pour ’la planète’, que nous rencontrons au fond de l’impasse, personnelle et écologique.
Nés pour diriger
Les premiers chapitres de la Bible nous donnent aussi une autre caractéristique distinctive de l’être humain. Nous sommes nés pour régner. Nous avons été créés à l’image de Dieu, avec la capacité et le mandat pour décider comment les choses seraient sur terre. Il y a une manière pieuse et une manière puérile et égoïste de diriger, et si coupables que nous soyons, cette position et cette vocation n’ont pas changé. Le choix demeure le nôtre, continuellement, soit d’utiliser les ressources de la terre avec bonheur, gratitude et plaisir, soit de les gaspiller, les dissiper et les gâcher. Ce n’est pas une haute conception de la responsabilité humaine que d’utiliser ce qui peut l’être sans qu’on le remarque. La conception la plus noble, fortement présente chez Jésus « le deuxième Adam », est de s’occuper de la création avec sagesse.
Mais y en a t-il assez ?
La question surgit souvent : dans le monde de Dieu, y en a t-il vraiment assez ? N’est-il pas vrai que, si chacun en Afrique, en Inde et en Chine devait avoir le même niveau de vie que le nôtre, alors la nourriture, les matières premières, l’énergie et l’eau viendraient à manquer ? (Il a été calculé que si tous, en Chine, devaient manger du poisson comme les Américains, les mers entières devraient être ratissées et vidées.). Cette crainte est parfois soulevée comme une accusation implicite contre le Dieu de la Bible. Ainsi, il apparaîtrait que les provisions de Dieu sont suffisantes pour un style de vie primitivement rural, mais que l’évangile se montre ici trop ancien pour le monde moderne.
En fait, il y a dans l’évangile beaucoup de choses étonnamment pertinentes en rapport avec la question du style de vie. Dieu a donné beaucoup d’indications dans la Bible montrant qu’il est dans sa nature de donner abondamment. Mais cela signifie t-il que « le mode de vie américain » – avoir tout ce qui nous attire, chaque fois que l’envie nous en prend – soit son plan pour chaque être humain ? Ce qui semble difficilement compatible, soit avec un monde fini (même s’il recèle encore beaucoup de potentialités), soit avec la nature réelle de son amour. En fait, il nous a montré que notre amour-propre, et la façon dont nous essayons de le satisfaire, est complètement déplacé. Le matériel n’est pas le but de la vie, mais un signe (de son amour), qui peut facilement devenir une idole. Ainsi, d’une part, nous avons un Créateur qui prend plaisir à donner matériellement. D’autre part, il nous a fait les gardiens d’un domaine avec certaines limites, et nous a offert une vie dans laquelle ’le matérialisme’ a manqué sa cible.
Deux portes : adoration …
En termes de style de vie humain et selon les thèmes principaux de la Bible, nous pourrions représenter deux portes, l’une marquée ’Adoration’ et l’autre ’Idolâtrie’. Par la porte ’Adoration’, nous nous trouvons dans un monde immensément beau et biodiversifié. Nous ne pouvons jamais nous lasser de le regarder, ni de l’étudier ; il est si vaste et varié que nous n’en sommes jamais fatigués et ses corrélations sont si profondes que nous le traitons avec crainte et respect. Constamment nous voulons remercier et louer Celui qui est son Créateur et le nôtre. Il a abondamment pourvu à nos besoins par ce monde qui peut être amené à fournir un excédent. Nous n’avons pas d’énormes besoins de posséder des choses nous-mêmes, puisque nous sommes satisfaits de ce que nous avons et particulièrement de la présence même de Dieu, qui pourvoit à notre besoin d’identité et de sens. Cependant, nous employons certains des matériaux du monde pour des travaux créatifs, qui expriment notre joie et notre compréhension renouvelée du monde et de notre place en son sein.
… et idolâtrie
Par la porte marquée ’Idolâtrie’ nous entrons dans un monde où il n’y en a jamais assez. Chacun d’entre nous sent un vide rongeur au centre, où nous n’avons aucune place ou signification réelles, et donc nous rivalisons l’un contre l’autre pour s’enraciner dans le pays, comme des ’images’ d’ indépendance. Au lieu d’être ‘les images de Dieu’ qui renvoient à Lui, nous tentons d’être des images de nous-mêmes, aussi solides que nous pouvons, en accumulant de plus en plus. Étant si incertains de notre propre place dans le monde de Dieu, nous essayons de renforcer notre faible image par l’imitation, le style de vie, les marques, les titres et les possessions. Parce que nous sommes en compétition, la terre devient désolée parmi nous, et nous traitons toute chose sur terre comme un outil à nos propres fins. Aucun paysage, oiseau ou animal ne sont en sécurité dans nos mains dans la recherche de notre identité. Quand nous avons fini, nous avons acquis la terre entière, mais il y reste peu de choses à admirer, et encore moins qui apportent à Dieu beaucoup de gloire.
De la convoitise à la satisfaction
Dans le Nouveau Testament, l’idolâtrie est identifiée à la convoitise (Colossiens 3:5). Tous les excès de style de vie ne peuvent pas être attribués à la convoitise. La plupart sont en rapport avec le gaspillage aussi bien qu’avec la consommation et l’étalage ostentatoires. Mais la compréhension néotestamentaire de la convoitise nous place vraiment au cœur du problème, qui est celui de la satisfaction. L’appel n’est pas à ’dépenser moins’ ou à craindre la convoitise, mais à être satisfait de Dieu et d’être chez soi dans le monde de Dieu. Quand Dieu s’est reposé le septième jour, comme la Genèse le dit, c’était comme un signe de satisfaction devant un travail accompli de telle sorte que l’on puisse s’en réjouir.
Jésus et les apôtres donnent le modèle d’un style de vie simple, non pas pour déprécier la vie, mais l’apprécier, libéré des soucis inhérents à la lutte incessante et à l’acquisition. ‘Maintenant il y a un grand gain dans la piété avec le contentement, car nous n’avons rien apporté dans le monde et nous ne pouvons rien en emporter’ (1 Timothée 6.6).
La femme qui a répandu un parfum précieux sur les pieds de Jésus l’avait peut-être gardé en réserve comme un bien précieux. Mais le moment était venu pour elle de passer de la possession à la relation et l’amour (voir Luc 19.12ss). Par contraste, le ’jeune homme riche’ s’est barricadé lui-même sur son île de richesses (Matthieu 19.6ss). Il ne pouvait pas s’en défaire pour recevoir Jésus, dont le royaume est ‘la perle de grand prix’ qui vaut tout ce que nous possédons.
Conclusions : attitudes et aspects pratiques
Alors, comment le fait de concentrer sur Christ et son royaume nous aide t-il dans les dilemmes pratiques auxquels nous faisons face quotidiennement ? Tout d’abord, il y a notre attitude d’espérance. Nous ne commençons pas avec une montagne impossible d’obligations morales, à la rencontre d’un monde épuisé, avec une mentalité de défaite. Le style de vie chrétien commence par reconnaître que nous ne pouvons pas réparer le monde. Seul le retour de Christ est capable de le faire. Il a les plans et il a les moyens.
Mais loin de nous laisser attendre passivement qu’à son retour le maître répare les dégâts, Christ nous a appelés à grandir dans la responsabilité dont il a donné le modèle. Jésus a montré comment il a restauré l’autorité perdue d’Adam, calmant une dangereuse tempête, et étant ’en compagnie’ d’animaux sauvages (Marc 1.13), et il a formé un peuple pour être cette nouvelle sorte d’autorité dans le monde, que la création, dans son état malheureux et désordonné, nous supplie presque d’assumer (Romains 8:19 ‘Car la Création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu.’). Dans le temps présent, comme Hébreux dit, on n’a pas encore pris conscience de l’autorité des hommes et des femmes dans la création : ‘A présent, nous ne voyons pas encore que toutes choses lui sont soumises’, c’est-à-dire à l’homme, (Hébreux 2.8), mais nous voyons la direction qu’il est destiné à prendre quand nous voyons Jésus (verset 9). Ainsi notre position, jusqu’à l’achèvement des temps, est que Christ nous a choisis, malgré nous, comme une nouvelle sorte de gouverneurs, participant à son gouvernement d’une nouvelle terre, et que, pour le moment, nous sommes des apprentis (’des disciples’), pratiquant ce que l’on nous enseigne. Donc nous débutons comme étudiants en pratique du royaume, apprenant du Maître.
Le Maître ne nous apprend pas des règles de long en large, car les règles créent une mentalité de fatuité illusoire ou bien une mentalité de recherche d’échappatoires. Mais il nous apprend vraiment des principes par lesquels nous pouvons vivre librement. Cinq de ces principes sont en rapport avec ’le soin’, ’l’utilisation’, ’l’appréciation’, ’la relation’ et ’ la sagesse’.
1.Soin pour la création.
Il n’a jamais été prévu que les activités humaines utilisent tout l’espace dans le monde, ne laissant aucune place aux plantes, aux oiseaux et aux animaux, et c’est seulement maintenant qu’on apprécie entièrement que le monde soit un tout, dans lequel toute vie tienne sa place. Puisque la vie humaine a de si lourdes conséquences pour les espèces, une gestion positive est essentielle et constitue une vraie part de notre vocation. Cela ne signifie pas que quelques actions bien intentionnées n’ont pas des conséquences inattendues, et il y a encore beaucoup à apprendre. Personnellement, nous pouvons soutenir des œuvres de bienfaisance en faveur de la faune et de la flore, ou être impliqués pratiquement dans leur conservation, et pour beaucoup, le premier pas sera de nourrir les oiseaux de nos jardins.
2.Utilisation, et non gaspillage.
Il y a une vanité particulière et presque blasphématoire dans le fait d’acheter des objets dans le but de les jeter. Le premier objet ’jetable’ commercialisé a été inventé par M. Gillette dans les années 1880, et la mentalité de disposer de marchandises, essentiellement saines, qui finiront à l’usine d’incinération, ne nous a pas quittés depuis. C’est très souvent inévitable (à moins que nous ne devions toujours emporter notre tasse aux conférences !) mais notre sens du respect vis-à-vis du don de la terre fait par Dieu, devrait nous dégoûter de cela. On devrait, si possible, s’abstenir des emballages excessifs. Les repas emballés créent une grande quantité de déchets, tout comme les couches jetables (estimées à 3-4 % des déchets ménagers). S’il faut s’écarter de ces choses-là, cela signifie un défi, et probablement un défi chrétien, pour les ‘deux parents travaillant dans la course’ d’un style de vie moderne. Il va falloir que l’on utilise quelques-unes de ces belles cuisines !
Cependant, une utilisation bonne et reconnaissante de ce qui doit être utilisé peut être une grande bénédiction. Le plaisir que nous tirons d’un repas bien préparé, ou du maniement d’un bon outil, ou de la vue de beaux vêtements, semble honorer Dieu.
3.Appréciation, et non acquisition.
Notre culture est énormément bénie par l’innovation créatrice. Mais nous connaissons tous trop bien l’agitation et l’insatisfaction qui semblent souvent être son ressort. En conséquence, beaucoup de personnes possèdent simplement trop : les ressources sont épuisées et les déchets générés. Il doit y avoir une discipline d’appréciation, peut-être même de satisfaction positive à l’égard de l’ordinateur de l’année dernière !
Dépenser pour ce que nous n’avons pas besoin est, apparemment, le moteur de l’économie, mais ni celle-ci, ni aucune autre économie ne peuvent indéfiniment faire durer la dilapidation des matières premières.
4.Relation, et non isolement.
L’indépendance est le but économique de beaucoup d’entre nous ; ainsi voitures, outils, articles de luxe et maisons sont souvent utilisés par une seule personne. Appelez un ascenseur, ou emprunter un outil, crée un désagréable sentiment de dépendance. Cependant, aussi bien que d’économiser les ressources, cela est merveilleusement social, et nous aide à détruire l’atomisation tragique que la plupart des communautés ont subie.
La relation doit être le principe directeur de l’économie. Si nous pouvons, métaphoriquement, regarder le producteur dans les yeux et savoir qu’il a conclu un marché équitable pour son affaire, alors ensemble nous avons de la dignité, et Dieu est honoré. Si nous achetons perpétuellement avec une mentalité d’avoir quelque-chose-pour-rien, brandissant toutes nos affaires comme des trophées, nous pouvons finir riches en biens, mais appauvris en relations. Avec réalisme, le fil des relations est extrêmement difficile à suivre quand il passe par l’intermédiaire de multinationales. Cela nous donne une motivation supplémentaire pour essayer d’acheter localement ou des produits du commerce équitable.
5.Énergie consommée sagement.
Notre production actuelle d’énergie émet sept milliards de tonnes de gaz carbonique par an dans l’atmosphère. Prendre de réelles responsabilités pour s’occuper des conséquences, pourrait, et nécessairement devrait, introduire une nouvelle ère d’innovation dans le style de vie et la technologie. Dans le style de vie, cela implique quelque approche originale sur le plaisir qui ne soit pas aussi fébrilement dépendante de la mobilité (les gens avaient l’habitude de marcher, écrire ou lire !). Dans la technologie, nous avons besoin de courage pour nous adapter à la multitude de nouvelles possibilités disponibles. Les occasions de réduire les émissions carboniques sont maintenant diverses, depuis ’l’électricité verte’, l’isolation renforcée et les appareils de chauffage solaires, jusqu’à un plus grand pouvoir énergétique des produits. Inévitablement, les pionniers payeront plus que ceux qui attendent qu’une technologie devienne bon marché, mais l’argent, nous devons nous en souvenir, est un moyen, et non une fin. L’usage de la voiture a de sérieuses conséquences, particulièrement si on considère l’adoption de nos habitudes par l’Inde et la Chine. Au lieu de continuer aveuglément à défendre ‘le droit au transport individuel’, nous avons besoin de réfléchir à des alternatives. En attendant, des voitures hybrides pour la ville, ou les biocarburants pour les voitures diesel, seront des changements que des personnes pourront faire. Même conduire plus doucement et moins fréquemment est un pas dans la bonne direction. Quand nous conduisons ou volons, nous devons, pour le moins, veiller à ce qu’un don de Dieu soit utilisé dans un but voulu par Dieu. Sinon pourquoi y aller ?
Résumé
Pour conclure, la voie chrétienne n’est pas de vivre dans la culpabilité et certainement pas de viser une existence minimale comme vertu finale. Au contraire, il s’agit de vivre pleinement avec le sens que nous avons un travail à faire – étant entendu que nous devons vivre ici. En vivant dans une profonde appréciation de ce que l’on nous a donné, nous visons à utiliser sans abuser, mais par dessus tout nous gardon en vue le bénéfice de l’ensemble. Le succès dans le temps présent sera partiel, mais travailler dans la bonne direction aidera notre prochain maintenant, et nos compagnons de création. Il faut s’attaquer au style de vie consumériste. Mais si nous suivons Christ, nous devrions être plus satisfaits dans le monde, et avec le monde. Cela fera que ’moins’ ira plus loin, parce que nous en estimons le vrai coût, et nous en apprécions davantage sa véritable signification.
Ecrit par David Thistlethwaite, en février 2005
Avec les remerciements au comité de rédaction et à d’autres.
Pour aller plus loin, voir : D. Alexandre, Worshipping God with Technology, (Cambridge Papers, Vol 12, No 3, Dec 2003) ; Bartholomew and Moritz eds, Christ and Consumerism (Paternoster 1999) ; N.T. Wright, New Heavens, New Earth, The Biblical Picture of Christian Hope (Grove Books B11).
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’Apprécier l’ordinateur de l’année dernière’ est une idée qui s’est inspirée de John Ray (1627-1705), naturaliste anglais, théologien et premier biologiste systémique des temps modernes, devançant Carl Linnaeus.
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