par Paul Woolley, Société Biblique
Élément central :
La corruption est un défi mondial et une des plus importantes causes de pauvreté au niveau mondial. La Banque Mondiale (2001) a identifié la corruption comme « le seul grand obstacle au développement économique et social » et affirme que plus d’un milliard de dollars disparaissent chaque année du fait des pots-de-vin, de l’évasion fiscale et d’autres formes de corruption.
Nous désespérons souvent de la capacité, en particulier des pays en développement, à s’attaquer à un problème si bien imbriqué, mais si l’on peut vaincre la corruption, la récompense est claire : La Banque Mondiale estime que les pays qui s’attaquent à la corruption améliorent la gouvernance, et l’application des lois augmentent les revenus par habitant jusqu’à 400%.¹
La corruption est tout à la fois un problème économique autant que spirituel dans toutes les cultures et systèmes économiques. C’est un abandon moral de ce qui est juste. Cela peut inclure les pots-de-vin et les détournements de fonds. La corruption gouvernementale ou politique a lieu lorsqu’une personne ayant une charge officielle ou un fonctionnaire agit dans sa fonction officielle pour un gain personnel. Transparence Internationale définit la corruption comme l’”abus d’une autorité confiée pour un gain personnel”.
“ Le SEIGNEUR te fait savoir ce qui est bien. Voici ce qu’il demande à tout être humain : faire ce qui est juste, aimer ” agir avec bonté et vivre avec son Dieu dans la simplicité.
Michée 6.8 (Paroles de Vie)
1 Cité par Dreher and Herzfeld, The Economic Costs of Corruption: A Survey and New Evidence, 2005.
Points clés
Point 1
Depuis le commencement, les humains ont agi de manière corrompue. Le premier acte de désobéissance apparaît en Genèse chapitres 2 et 3. Dieu commande à Adam et Ève de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, mais ils le défient. « La femme vit que l’arbre était bon à manger et plaisant pour la vue, qu’il était, cet arbre, désirable pour le discernement. Elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea » (3.6). L’histoire décrit de manière vivante la transition d’une relation ouverte (Gen 2.25) à une perte de cette transparence et de cette redevabilité devant Dieu (Gen 3.8).
Point 2
Les israélites ont été appelés à être différents. En Exode, il leur est commandé : « Tu ne porteras pas atteinte au droit du pauvre dans son procès » (Exode 23.6). Deutéronome 27.19 affirme crûment : « Maudit soit celui qui porte atteinte au droit de l’immigré, de l’orphelin et de la veuve ». Cet appel à la justice ou la droiture fondait leur relation avec Dieu et les uns avec les autres. Il devait également servir d’antidote à la corruption. Toutefois, en beaucoup d’occasions, le peuple de Dieu a agi de manière corrompue.
En 1 Samuel 8, l’auteur explique que Samuel a nommé ses fils juges en Israël, mais qu’ils ne marchèrent pas dans les voies de Dieu. « Les fils de Samuel ne suivirent pas sa voie ; ils avaient un penchant pour le profit, acceptaient des pots- de-vin et portaient atteinte au droit. » (1 Samuel 8.3)
Cette corruption des gouvernants amena le peuple à demander à Dieu un roi. La réponse de Samuel fut de mettre en place un système de bonne gouvernance pour éviter les pratiques corrompues (1 Sam 10.25).
Malheureusement, l’histoire des rois gouvernant Israël est remplie de corruption, depuis Saül qui devient un roi paranoïaque, à David qui commet adultère et meurtre (2 Sam 11, 12) et Achab qui confisque la vigne de Naboth (1 Roi 21).
Point 3
Les prophètes de l’Ancien Testament liaient idolâtrie et corruption. Israël se détourna constamment de Dieu, absorbant la théologie des nations alentour et adorant leurs idoles. La mauvaise compréhension de Dieu par Israël amena à une mauvaise compréhension d’eux-mêmes, et à leur échec de vivre comme Dieu le souhaitait. Au lieu de prendre soin de « la veuve et l’orphelin », ils « piétinent les pauvres en leur brisant la tête dans la poussière, et ils faussent le droit des humbles » (Amos 2.7). Le message d’Amos qui lie idolâtrie, injustice et corruption a été repris dans les prophéties de Michée (6.6-8), Osée (1.2) et Ésaïe (58).
Point 4
La corruption est incompatible avec une vie de disciple de Christ. Dans le Nouveau Testament, Jésus critique les classes religieuses qui payent « la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin », et laissent de côté « ce qui est le plus important dans la loi : la justice, la compassion et la foi ; c’est cela qu’il fallait pratiquer, sans laisser de côté le reste » (Matthieu 23.23). Dans le livre de l’Apocalypse (Chapitres 13, 17-17 et 20-21), la corruption et l’exploitation du pauvre sont condamnées de manière imagée.
Point 5
La corruption et, la passion et résurrection du Christ
Pâques est tellement important pour les chrétiens, qu’il est facile de mettre l’accent sur la croix de Jésus et d’oublier comment il en est arrivé là. Jésus a été trahit pour 30 pièces d’argent (Matt 27.3) et de faux-témoins l’ont accusé (Matt 26.59). Après la résurrection, on donna aux soldats de ‘gros pots-de-vin’ afin qu’ils disent que le corps de Jésus avait été volé et les chefs religieux leur promirent de les protéger si la nouvelle parvenait au gouverneur (Matt 28.11-15).
Comment réagir à tout cela ?
Les Écritures nous mettent, nous lecteurs, au défi de nous opposer à la corruption, comme faisant partie de notre louange à Dieu. L’amour de Dieu et du prochain ne demande pas moins que cela. « La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père », dit Jacques (1.27), « consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde ».
Transparence Internationale affirme : « Au niveau économique, la corruption conduit à un épuisement des richesses nationales … et aux dépens de projets d’infrastructures moins spectaculaires, mais plus nécessaires, comme des écoles, des hôpitaux et des routes, ou la fourniture d’électricité ou d’eau dans les régions rurales… . Les effets de la corruption sur la construction sociale de la société sont les plus néfastes de tous. Ils sapent la confiance de la population dans leur système politique, dans ses institutions et ses gouvernants. La frustration et l’apathie générales d’une population désillusionnée aboutissent à une société civile faible. À son tour, cela ouvre la voie aux dictateurs aussi bien qu‘aux gouvernants élus démocratiquement, mais peu scrupuleux qui transforment les biens publics en richesse personnelle. Demander et verser des pots-de-vin devient la norme. Ceux qui refusent de s’y plier souvent émigrent, vidant ainsi le pays de ses citoyens les plus capables et les plus honnêtes.’
Citations
“Le pouvoir ne corrompt pas. La peur corrompt… peut-être la peur d’une perte de pouvoir” ― John Steinbeck
“L’expérience a montré que même dans les meilleures formes de gouvernement, ceux à qui on avait confié le pouvoir avaient, avec le temps, et par petites touches, pervertit celui-ci en tyrannie.” ― Thomas Jefferson
Sandy dit
Merci
Mais que doit on penser de ce qu il est écrit « tu ne parlera pas mal du chef de ton peuple » et « soyez soumis aux autorites » ?
Quand on constate le mensonge, la corruption, les conflits d intérêts, la manipulation, ne doit on pas le dénoncer ?