Aujourd’hui…
Nos médias ne manquent pas de parler de migrations massives en Europe, mais elles représentent un tiers des migrations mondiales. En 2015, 244 millions de personnes vivaient dans un autre pays que leur pays natal et 76 millions d’entre eux trouvaient refuge en Europe. Les principales causes de départ sont les conflits, la pauvreté, l’inégalité et l’absence de travail décent. Mais les mouvements migratoires ont toujours existé et sont intimement liés à la pauvreté qui pousse les individus à chercher ailleurs un meilleur avenir pour eux et leur famille.
Autrefois…
La Bible ne manque pas d’en parler, dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau Testament. Selon l’évangile de Matthieu (chapitre 2), peu de temps après sa naissance, Jésus et ses parents ont fui en Égypte pour échapper au massacre des nourrissons ordonné par Hérode. Ce dernier était décidé à tuer le « roi des juifs » qui venait de naître, selon les prophéties rappelées par les mages. Joseph, Marie et Jésus étaient donc réfugiés politiques en Égypte jusqu’à ce que leurs ennemis disparaissent (v.19-20). Puis ils sont retournés en Israël, à Nazareth en Galilée.
Ce que la Bible nous apprend…
Nous allons nous arrêter sur une migration majeure dans l’Ancien Testament : l’installation de Jacob et de sa famille en Égypte pour fuir la famine en Canaan (Genèse 42). Joseph avait souffert la trahison, l’esclavage, l’injustice, la prison, l’oubli… pour finalement être nommé ministre du pharaon, responsable de gérer les ressources du pays de manière à survivre aux 7 années de sécheresse annoncées par Dieu (Genèse 41). Que nous apprend ce texte sur les migrants ?
Dieu avait pourvu mais… ailleurs
La famine avait placé Jacob et sa famille dans une situation grave où leur survie était en jeu. Nous lisons à travers Genèse 37 et 39 à 41, comment Dieu préparait soigneusement leur migration en Égypte (Gn 45.7-8). Son plan était de pourvoir au besoin de son peuple, mais au travers d’un autre peuple. Il n’avait pas projeté un état d’autarcie pour Israël… Au contraire, son salut dépendait de ses « relations internationales ». Ce récit témoigne de l’interdépendance entre les peuples pour faire face notamment aux catastrophes naturelles, comme la sécheresse. Dieu ouvre parfois un chemin dans une autre nation là où la voie est obstruée dans notre pays natal. Sa vision du monde et de son peuple dépasse les frontières géographiques. De plus, une situation de fragilité dispose souvent favorablement le cœur des personnes à recevoir l’Évangile car elles réalisent leurs limites et leur besoin de Dieu. Certains découvriront cette « bonne nouvelle » dans un autre pays. Considérons que Dieu guide et veut bénir les migrants qui arrivent dans notre pays. Il a un projet de paix et non de malheur pour eux. Sommes-nous les instruments par lesquels cette bénédiction arrive ?
Un accueil difficile
Quitter son pays par nécessité n’est jamais facile. C’est un « choix » par dépit et notre récit montre combien Jacob souffre de voir partir ses fils (v. 14). Migrer, c’est quitter tout ce qui répond à nos besoins d’appartenance et de sécurité (pays, culture, famille, amis…) pour aller vers l’inconnu. Lorsque les fils d’Israël partent, leur intention était commerciale : acheter ou exporter le blé d’Egypte. Mais ils sont accusés d’espionnage (v. 9) et donc considérés comme ennemis du pays. Les migrants se retrouvent en situation de faiblesse et en proie à la peur (v. 18). A cela s’ajoutent des préjugés à leur égard et parfois des situations d’injustice (Gn 44.1-12), de discriminations (v. 32) et de manipulations. Dans notre récit, les raisons sont personnelles et culturelles (v. 32), mais elles peuvent être d’un autre ordre (racisme, par exemple). La situation que vivent les 10 frères fait ressurgir leur passé. Les migrants arrivent avec leur histoire parfois marquée par des atrocités (guerre, exécutions arbitraires, trahison, mutilations, etc). Quel accueil leur offrons-nous ?
Une cohabitation imprévue
Le récit se déroule lors de la seconde des sept années de famine annoncées (Gn 45.6). Le peuple d’Israël ne pensait pas dépendre des ressources de l’Égypte encore cinq années. De nombreux migrants espèrent un changement de la situation de leur pays pour y retourner rapidement. Cependant, les prévisions ne s’avèrent pas toujours bonnes. Jacob et tous les siens sont finalement accueillis, grâce à Joseph, et ils s’installent tous au pays de Goshen (v.10). Cette concentration dans un même lieu de tous les migrants d’une même origine évoque les ghettos de nos villes. La suite du récit dans le livre de l’Exode témoigne de la multiplication du peuple d’Israël en Égypte. Malgré la cohabitation de longue date, la méfiance règne, les préjugés persistent et la peur s’installe (Exode 1:8-11). C’est justement la peur qui va mener à toutes sortes d’abus (esclavage, extermination systématique des nouveaux nés mâles, génocide, etc). Puis la délivrance apportée par l’Éternel au travers de son serviteur Moïse (Exode 3-12) et la libération du peuple qui quitte enfin l’Égypte (Exode 12) en dépouillant ses habitants. Bien entendu, les choses auraient pu se passer différemment. Aussi soyons attentifs à ne pas nous laisser gagner par la peur qui engendre des actions irraisonnées et irraisonnables. Bannissons la crainte grâce à l’amour (1 Jean 4:16) ! Aimons et accompagnons ceux qui arrivent afin qu’ils trouvent l’espoir.
Pour conclure, les migrations tant hier qu’aujourd’hui sont pleines de défis mais aussi de bienfaits. Comme le dit le rapport de l’ONU sur les migrations de 2015, « quand elles sont soutenues par des politiques appropriées, les migrations peuvent contribuer à une croissance économique et un développement inclusifs et durables tant dans les communautés d’origine que d’accueil ». Pensons au vécu de ces populations déplacées prises à dépourvue qui fuient afin de pourvoir ailleurs aux besoins de leur famille. Dieu permet qu’elles trouvent secours dans une autre nation mais elles doivent souvent faire face à un accueil difficile et à une cohabitation imprévue. Heureusement, des chrétiens se mobilisent pour les aider comme en témoigne le livre « #tous migrants » contenant 15 récits de migrants accueillis par des associations chrétiennes. Ces témoignages sont aussi disponibles en courtes vidéos. Soyons inspirés par cette mobilisation en faveur des migrants et soutenons la.
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