Aujourd’hui…
Qui n’a jamais croisé de mendiant dans une grande ville ? Effectivement, depuis 1994, la mendicité est autorisée, à condition qu’elle ne soit pas faite de manière agressive ou sous la menace d’un animal dangereux (Art 312-12-1 du Code pénal) et qu’elle ne mette pas en cause des enfants (Art 227-15 du Code pénal) : dans ces cas-là, la mendicité s’apparente à un délit. De plus, la mendicité peut être interdite si elle porte atteinte à l’ordre public : elle est alors passible d’une contravention de 38 euros.
Notons aussi qu’un arrêté anti-mendicité est licite si ses dispositions sont nécessaires et proportionnées au maintien de l’ordre public. En cas d’interdiction de la mendicité, les juges prennent en considération la possibilité pour les maires de mettre en œuvre des moyens alternatifs moins contraignants contre la mendicité comme l’ouverture de centres d’accueil, d’aide au logement, de services de restauration populaire ou d’aide à l’insertion professionnelle pour les plus pauvres. Mais certaines mairies, comme celle de Tours qui invoque l’état d’urgence, tentent tous les moyens pour interdire la mendicité.
Autrefois…
La Bible, recueil de 66 livres, aborde un vaste champ de thèmes en lien avec la condition humaine, notamment la pauvreté. Loin de cacher les recoins les plus sombres de l’humanité et la complexité de l’âme humaine, la Bible embrasse une telle variété de sujets qu’un lecteur non avisé pourrait s’en voir déstabilisé (inceste, abus, tromperie, trahison, génocide, etc.). Elle nous parle, entre autres, de mendicité, de glanage et aussi d’esclavage et de servitude. Elle touche du doigt la détresse humaine et ouvre un chemin d’espoir. Aujourd’hui, comme autrefois, les mendiants trouvaient leur place dans les villes rappelant à chacun sa fragilité.
Ce que la Bible nous apprend…
Cet article va se focaliser sur un récit du Nouveau Testament, dans l’évangile de Jean, qui nous dévoile la vie d’un homme anonyme. Nous savons au fil de la lecture de Jean 9 qu’il est aveugle de naissance et, bien qu’il ait ses parents, il mendie pour gagner sa subsistance. La mendicité était la destinée toute tracée des personnes en situation de handicap nées dans des foyers humbles. Cet homme se tenait au même endroit chaque jour pour quémander, et ses voisins ainsi que certains passants le connaissaient. Dans ce passage, nous allons découvrir un enseignement sur une attitude à adopter face à la mendicité.
Aimer sans juger
La première réaction des disciples de Jésus en voyant un aveugle de naissance mendier était de le rendre responsable du malheur qui le frappait : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». Combien d’entre nous continuent à raisonner de façon similaire : « S’il est dans la rue, c’est parce qu’il le veut », « Il ne pourrait pas travailler comme tout le monde ? », « C’est un perdant, un raté », etc. L’être humain est prompt à juger. C’est aussi une manière de s’élever au-dessus de l’autre, de se distancer de celui ou de celle qui souffre. Cette réaction est peut-être due à la crainte que nous inspire la condition de telle ou telle personne. Plutôt que de considérer que nous aurions pu être à sa place, il est plus facile de prendre du recul et de s’accorder du mérite. C’est une manière de se rassurer, de se dire que ce malheur ne nous arrivera pas. Dans le reste du récit, le jugement continue : à l’encontre de Jésus et de ses disciples, puis à nouveau contre l’aveugle guéri. Mais Jésus enseigne une autre voie : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » Jésus regarde vers l’avenir, il ne s’arrête pas à la situation passée ou actuelle. Il voit comment Dieu va être glorifié à travers cette personne. Imaginons si nous avions ce regard sur chaque personne que nous croisons ? Si au lieu de les juger (en bien ou en mal), nous voyions une occasion pour Dieu de manifester sa puissance dans la vie d’une personne ? Sans entrer dans le jugement, demandons à Dieu comment il veut se manifester dans la vie des mendiants, des personnes souffrant de handicap, des démunis, et finalement de tous ceux qui nous entourent.
S’ouvrir à l’inconnu
« Après avoir dit cela, il (Jésus) cracha par terre et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l’aveugle et lui dit : « Va te laver au bassin de Siloam » – quelle façon d’agir ! Jamais Jésus n’avait agi ainsi et jamais il ne le reproduira par la suite. Pourtant, Jésus avait déjà opéré des miracles et des guérisons et il continuera à le faire mais pas toujours de la même manière. Il existe plusieurs chemins vers la guérison. Ici, Jésus nous surprend ! Restons ouvert à ce qu’il veut faire car rien n’est impossible à Lui. S’il a pu utiliser de la boue pour guérir un aveugle de naissance, à combien plus forte raison peut-il nous utiliser nous ! Il a mélangé de la terre, d’où l’homme a été tiré, et sa salive, son ADN à Lui, pour créer la vue. Si Son Esprit vit en nous, en tant que croyant, alors Il peut agir de même à travers nous. Il a créé ce qui n’existait pas auparavant, car cet aveugle était né ainsi. Il peut donner vie à l’inexistant. La guérison que Jésus opère n’est pas que physique. En retrouvant la vue, l’homme retrouve sa dignité, la possibilité de travailler et de gagner sa vie à la sueur de son front. Malgré cela, nous voyons dans la suite du récit que l’homme subit le rejet des pharisiens et de ses parents, qui refusent de le protéger et le livrent à lui-même face aux pharisiens qui l’insultèrent et l’exclurent de la synagogue. La souffrance émotionnelle liée au rejet est bien réelle et Jésus n’y est pas indifférent. Après l’avoir guéri de sa cécité physique, il le guérit complètement de sa cécité spirituelle. Il se révèle à lui comme le Christ. Jésus veut restaurer le corps, l’âme et l’esprit de chaque être humain. Son action n’a pas de limite. La prochaine fois que nous croisons un mendiant, posons-nous la question : suis-je le moyen par lequel Dieu veut se manifester dans la vie de cette personne ? Comment puis-je l’aider à sortir de sa situation ? Restons ouvert à diverses possibilités même à ce qui n’a jamais été fait auparavant !
La foi dépasse la raison
Quand les pharisiens apprennent la guérison de l’aveugle né, ils cherchent à comprendre ce qui s’est passé. Ils veulent faire entrer Jésus et sa façon d’agir dans le cadre qu’ils pensent être comme venant de Dieu. Très vite, certains rejettent Jésus car la guérison a eu lieu un jour de sabbat, mais d’autres reconnaissent que les signes produits par Jésus ne peuvent venir d’un simple homme pécheur. Plus ils tentent de comprendre, plus ils doutent : ils en arrivent même à questionner si l’homme guéri était bien aveugle. Comment réagissons-nous face à ce qui nous dépasse ? Dans ce récit, nous voyons une fois de plus que les valeurs du royaume s’opposent aux valeurs de notre société. Les « sages », les intellectuels, les religieux, les hauts placés s’appuient sur leur connaissance et se retrouvent totalement perdus et aveuglés. Ils ne savent pas qui est Jésus et comment il a pu guérir un aveugle de naissance. Et l’aveugle de naissance, celui que les pharisiens jugent comme étant « né tout entier dans le péché » reçoit la révélation que Jésus est le Messie et il croit (v. 38). L’orgueil des pharisiens les empêche d’accepter que cet homme pourrait avoir raison (v. 34). Face aux démunis qui mendient, quelle est notre attitude, notre regard ? Acceptons-nous l’idée que Jésus puisse se révéler à eux ? Et que leur foi peut dérouter notre façon de penser et de raisonner.
Pour conclure, ce récit de Jean 9 nous encourage à changer notre façon de considérer les personnes démunies vivant dans la mendicité. Au lieu de les juger, nous sommes appelés à les aimer, à ne pas les enfermer dans leur passé et leur présent, mais à croire en l’avenir que Dieu peut et veut leur donner ! La manière dont Dieu agit dans la vie d’une personne, même mendiante, nous dépasse et ne peut être anticipée. Restons ouverts à ce que Dieu veut faire et à la façon dont il veut nous utiliser pour bénir les plus démunis non seulement physiquement mais aussi émotionnellement et spirituellement. Enfin, croyons au-delà de la raison ! Dieu se révèle aussi aux marginaux, aux mendiants, aux plus faibles, aux démunis… Nos raisonnements peuvent parfois constituer des obstacles à la révélation divine. Et n’oublions pas que Dieu fait grâce aux humbles mais qu’Il résiste aux orgueilleux.
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