Auteur : Ron Sider
Je suis convaincu qu’au cœur de notre problème, il y a une compréhension unilatérale, non biblique et réductionniste de l’Évangile et du salut. Trop d’évangéliques donnent l’impression à trop d’égards que la partie vraiment importante du salut est le pardon des péchés. Si nous nous contentons de répéter la formule et de dire que nous voulons que Jésus pardonne nos péchés, nous sommes chrétiens. Notez, cependant, comment cela peut conduire si facilement à une grâce à bon marché. Si tout ce qu’accepter l’Évangile veut dire est de recevoir le pardon des péchés, on peut accepter l’Évangile, devenir chrétien et puis continuer à vivre la même vie adultère, matérialiste et raciste qu’avant. Le salut devient non plus une expérience qui transforme la vie et qui en réoriente chaque recoin, mais un aller simple pour le ciel et on peut vivre comme l’enfer jusqu’à temps qu’on arrive au ciel.
Je crois de tout mon cœur qu’il n’y aucun moyen pour des pécheurs de gagner l’acceptation de Dieu. Grâces soient rendues à Dieu de ce que le Créateur saint soit le Rédempteur miséricordieux qui promet de pardonner nos péchés si nous nous repentons et que nous croyons à la mort rédemptrice du Christ pour nous. Nous sommes justifiés par la foi seule. Cependant, comme nous le verrons dans un instant, le Nouveau Testament ne s’arrête pas là. Nous ne pouvons pas accepter Christ comme Sauveur sans le prendre comme Seigneur. Une relation personnelle avec Christ amène une transformation radicale de notre moi pécheur. Dans le Nouveau Testament, l’Évangile et le salut impliquent beaucoup plus que le pardon des péchés.
Malheureusement, même nos meilleurs théologiens exagèrent parfois la merveilleuse doctrine du pardon des péchés. On peut comprendre comment Martin Luther, dans son important combat pour libérer l’Évangile des œuvres de justice a pu dire que la justification par la foi est « le principal article de la foi chrétienne »¹. De façon tragique, une telle affirmation, prise en elle-même, conduit facilement à négliger la sanctification et une vie sainte et obéissante. Aujourd’hui, nos théologiens évangéliques les plus éminents disent parfois des choses comme ce qui suit : « La justification par la foi nous apparaît, comme à tous les évangéliques, comme le cœur et le centre, le paradigme et l’essence de toute l’économie de la grâce salvatrice de Dieu. Comme Atlas, elle porte un monde sur ses épaules, la connaissance évangélique toute entière de l’amour de Dieu en Christ pour les pécheurs. »² Heureusement, en bien d’autres endroits, les mêmes auteurs montrent très clairement qu’ils croient que la sanctification est importante.
Il n’y a tout simplement aucune justification pour dire que la vérité glorieuse de la justification par la foi seule est plus importante que la vérité stupéfiante que le Seigneur ressuscité vit maintenant dans ses disciples, les transformant de jour en jour à sa propre ressemblance. La justification et la sanctification sont toutes les deux des éléments centraux de l’enseignement biblique sur l’Évangile et le salut. Exagérer l’importance de l’un fait courir le danger de négliger l’autre. Et c’est certainement ce que la forme populaire du mouvement évangélique a fait. Que ce soit en mettant l’accent sur des slogans simplistes comme « Un jour sauvé, toujours sauvé » ou en se concentrant sur des stratégies conciliantes pour ceux qui sont en recherche, négligeant une vie de disciple qui coûte, nous avons répandu la notion hérétique selon laquelle les gens peuvent recevoir le pardon sans la sanctification, le ciel sans la sainteté. Des notions de grâce à bon marché sont au cœur de la désobéissance scandaleuse des évangéliques aujourd’hui.
L’Évangile
L’une des choses de la plus stupéfiante ironie dans le mouvement évangélique contemporain est que la plupart des évangéliques ne définissent même pas l’Évangile comme le faisait Jésus ! On imaginerait que la partie de la communauté chrétienne qui se glorifie elle-même le plus de la fidélité à l’Ecriture et d’une doctrine orthodoxe du Christ considérerait qu’il est important de définir l’Évangile à la manière de Jésus. Mais ce n’est tout simplement pas le cas.
Jésus ne définit pas l’Évangile comme le pardon des péchés, bien qu’il offre encore et encore un pardon libre et immérité. La plus grande majorité des spécialistes du Nouveau Testament aujourd’hui, qu’ils soient évangéliques ou libéraux, s’accordent à dire que l’aspect central de l’enseignement de Jésus était l’Évangile du Royaume de Dieu. Les mots « Royaume de Dieu » ou leur équivalent dans le langage de Matthieu « Royaume des cieux » apparaissent 122 fois dans Matthieu, Marc et Luc et sont 92 fois sur les lèvres de Jésus lui-même.
Matthieu et Marc résument tous deux explicitement l’Évangile de Jésus comme la « Bonne nouvelle du Royaume ». Deux fois, Matthieu utilise des mots presque identiques pour résumer l’activité de Jésus : « Jésus parcourait toute la Galilée, il enseignait dans les synagogues, prêchait la bonne nouvelle du Royaume, et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. » (Matthieu 4.23 ; 9.35) Au commencement de son récit du ministère public de Jésus, Marc résume sa compréhension du contenu de l’Évangile de Jésus : « Après que Jean eut été livré, Jésus alla dans la Galilée ; il prêchait la bonne nouvelle de Dieu et disait : Le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle. » (Marc 1.14-15) Il est clair que Marc considérait que le cœur de l’Évangile de Jésus était l’Évangile du Royaume.
Matthieu et Marc ne faisaient que suivre la compréhension de lui-même qu’avait Jésus. Jésus a défini sa mission explicitement comme celle de prêcher l’Évangile du Royaume : « Il faut aussi que j’annonce aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu ; car c’est pour cela que j’ai été envoyé. » (Luc 4.43) Et quand Jésus envoya les douze et plus tard les soixante douze pour des voyages de mission, il leur dit que le contenu de leur prédication devait précisément être le Royaume de Dieu. « En chemin, prêchez que le royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux » (Matthieu 10.7-8) « Dans quelque ville que vous entriez » dit-il aux soixante douze en les envoyant, « guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : le Royaume de Dieu s’est approché de vous. » (Luc 10.8-9) On ne peut pas douter du fait que l’Évangile de Jésus était la bonne nouvelle du Royaume.
Mais qu’est-ce que ces mots signifient ? Qu’est-ce que Jésus était en train de dire ? Bien longtemps auparavant, le prophète avait promis qu’un jour Dieu enverrait le Messie qui apporterait une nouvelle relation avec Dieu et avec le prochain qui serait juste³. Dieu pardonnerait les péchés de son peuple d’une manière nouvelle et apporterait la paix et la justice. Jésus est venu proclamant, d’abord avec prudence, puis de plus en plus ouvertement, qu’il était ce Messie attendu depuis longtemps et que le Royaume messianique de Dieu que le Messie devait inaugurer était en train de poindre dans sa propre personne et son œuvre. Quand les pharisiens attribuèrent la capacité de Jésus de chasser les démons à Satan, Jésus répliqua : « si c’est par l’Esprit de Dieu que moi, je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc parvenu jusqu’à vous. » (Matthieu 12.28) Il parle au passé ! Le royaume messianique avait déjà commencé à arriver, même si, bien sûr, il n’arrivera pas à sa plénitude avant la seconde venue de Jésus.
Parabole après parabole, en parlant de l’amour stupéfiant de Dieu pour les pécheurs, Jésus a clairement enseigné que la seule façon d’entrer dans ce Royaume qui commençait à poindre était la pure grâce. Les pharisiens du temps de Jésus prétendaient que le royaume messianique viendrait si tous les Juifs obéissaient parfaitement à la loi. Les révolutionnaires juifs violents pensaient que le Messie viendrait si tout le monde prenait les armes. Jésus dit que non, la seule façon d’entrer dans le royaume est d’accepter la miséricorde que Dieu donne gratuitement. Le pardon des péchés est au centre de la proclamation de l’Évangile du Royaume. Mais ce n’en est qu’une partie. Jésus n’a pas parcouru le pays pour murmurer à des ermites isolés : « Tes péchés sont pardonnés. » Jésus a rassemblé un cercle de disciples. Il a formé une nouvelle communauté de pécheurs pardonnés – des collecteurs d’impôts, des prostituées, des pêcheurs – qui commencèrent à vivre selon les valeurs du royaume de Jésus et à remettre en cause le statu quo là où il avait tort. Il a mis au défi le riche de partager avec le pauvre de façons coûteuses (Luc 6.34-35 ; Matthieu 25.31-46). Il a rejeté la façon dont la société marginalisait et négligeait les lépreux, les handicapés et les femmes. Il a condamné les dirigeants politiques pour la façon dont ils préféraient la domination au service (Marc 10.42-45). Et il a rejeté les révolutionnaires juifs populaires violents de son époque, qui en appelaient à une rébellion armée contre Rome. Il commandait d’aimer ses ennemis (Matthieu 5.44).
L’Évangile du Royaume de Jésus comprenait à la fois des aspects horizontaux et verticaux. Oui, on entre dans ce royaume par pure grâce parce que Dieu pardonne avec joie aux fils et aux filles prodigues qui se repentent. C’est la partie verticale. Mais la nouvelle communauté horizontale de disciples, tous des pécheurs pardonnés qui commencèrent à imiter Jésus en vivant selon les normes du royaume en train de poindre était aussi centrale dans les paroles et les actes de Jésus. Ce royaume était un royaume où les pauvres recevraient la justice et où la paix prévaudrait. Jésus et ceux qui le suivaient guérissaient les malades, se souciaient des pauvres et accueillaient les personnes marginalisées dans leur communion. C’est pourquoi Paul dit en Éphésiens 2-3 que la simple existence d’un nouveau corps multiethnique de croyants, où des groupes hostiles de Juifs et de Païens sont harmonieusement réunis, fait partie de l’Évangile. C’est là le mystère – l’Évangile – que Paul prêche : « Ce mystère […] : les païens ont un même héritage, forment un même corps et participent à la même promesse en Christ-Jésus par l’Évangile… » (Éphésiens 3.6)
Comment Jésus annonçait-il son Évangile ? En parole et en action ! Des paroles auraient suffi si son Évangile était seulement le pardon des péchés. Mais puisque l’Évangile inclut le fait merveilleux que le royaume messianique attendu depuis longtemps devenait maintenant visible dans l’histoire, Jésus devait manifester la présence de son royaume, pas seulement en parler. C’est pourquoi les auteurs de l’Évangile disent régulièrement que Jésus prêchait et guérissait. Le royaume de Jésus en train de poindre amenait la guérison au corps et à l’âme. On pouvait voir et toucher ce royaume qui arrivait.
Quand aujourd’hui les chrétiens réduisent l’Évangile au pardon des péchés, ils offrent un message hérétique, unilatéral qui s’oppose absolument au Jésus qu’ils adorent comme Seigneur et Dieu. Ce n’est que si nous retrouvons l’Évangile du royaume de Jésus et que nous laissons sa puissance transformer notre moi pécheur à tel point que notre assemblée chrétienne (qui sera bien sûr toujours imparfaite) devienne un signe visible du royaume en train de poindre que nous serons fidèles à Jésus. Ce n’est qu’à ce moment-là que nos paroles d’évangélisation retrouveront intégrité et puissance.
Heureusement une déclaration évangélique commune sur l’Évangile est bien meilleure que d’autres. La nouvelle déclaration insiste sur le fait que « l’Évangile exige de tous les croyants… la soumission à tout ce que [Dieu] a révélé dans sa parole écrite ». La déclaration argue du fait que la foi qui sauve inclut à la fois la justification par la foi et la sanctification par la puissance de l’Esprit. « Nous affirmons que la foi qui sauve aboutit à la sanctification, la transformation de la vie en conformité avec Christ… Nous nions que la foi qui sauve ne comprenne que l’acceptation mentale de l’Évangile. » La déclaration continue ainsi : « La foi authentique reconnaît Jésus comme Seigneur et dépend de lui comme tel et se manifeste dans une obéissance croissante aux commandements divins. »4 Ces déclarations importantes découlent naturellement d’une bonne compréhension de l’Évangile du royaume de Dieu de Jésus.
Le salut
Le même malentendu réductionniste et unilatéral qui a déformé notre conception de l’Évangile nous a détourné d’une compréhension pleinement biblique du salut. Pour trop d’évangéliques, l’œuvre de salut de Jésus se réduit à la croix et la croix se réduit à l’expiation substitutive. Le salut n’est alors rien de plus que le fait de dire les bons mots afin que mes péchés soient pardonnés et que je puisse éviter l’enfer. Cette compréhension est une partie importante du salut biblique. Nous méritons tous le châtiment de Dieu. Grâces soient rendues à Dieu de ce que notre Juge terriblement juste nous pardonne avec joie nos péchés quand nous croyons à la mort de Jésus pour nous. Grâces soient rendues à Dieu de ce que tout au long de leur vie, des chrétiens pieux, qui connaissent leur imperfection persistante, peuvent se raccrocher à la croix comme à la seule base sur laquelle Dieu les accepte. Grâces soient rendues à Dieu pour des livres comme celui de Philip Yancey, What’s so Amazing about Grace ? qui nous rappelle la merveille et la puissance du pardon 5.
Grâces soient aussi rendues à Dieu de ce qu’il y a tellement plus de choses dans une compréhension biblique du salut. Christ ne nous pardonne pas seulement, il nous change également. Et il ne transforme pas seulement notre moi intérieur mais aussi notre comportement extérieur. Christ nous appelle à l’accepter comme Seigneur tout autant que comme Sauveur. Il nous appelle à la conversion – un changement de direction fondamental – et une vie de disciple qui coûte. Dans la puissance du Saint Esprit, Dieu créé un ordre social nouveau, une nouvelle communauté de croyants où toutes les relations sont restaurées pour la sainteté. Tout cela rentre dans ce que le Nouveau Testament appelle le salut. Au deuxième chapitre nous avons vu de quelle manière considérable Paul affirme que les chrétiens meurent à leur ancien moi et ressuscitent pour une vie nouvelle en Christ. L’être entier de chaque croyant est changé de jour en jour, de plus en plus, à la ressemblance même du Christ.
Ces croyants ainsi transformés agissent différemment dans toutes leurs relations sociales. Actes 2 et 4 décrivent le partage économique stupéfiant qui se produisit parmi les premiers chrétiens. Les relations économiques et sociales dans le corps du Christ étaient si radicalement différentes de celles du reste du monde que Paul trouvait avec assurance de la crédibilité dans le fait que l’Eglise n’était pas un endroit de Juifs ou de Grecs, d’hommes ou de femmes, d’esclaves ou d’hommes libres. Tout cela fait aussi partie de ce que le Nouveau Testament entend par salut.
L’histoire de Zachée contient une preuve éclatante de ce que pour Jésus et le Nouveau Testament, le salut inclut un comportement social et économique nouveau parmi ceux qui acceptent Jésus. Luc 19 raconte une histoire frappante concernant un collecteur d’impôts nommé Zachée. Il avait joyeusement accumulé des richesses grâce au système économique d’impôts qui était injuste par lequel les conquérants romains permettaient aux « soustracteurs » locaux de collecter bien plus d’impôts que ce qu’ils transmettaient à Rome. Mais quand Zachée rencontra Jésus, il fut changé – de façon spectaculaire. Il remboursa quatre fois tous ceux qu’il avait escroqués. L’histoire se termine par ces mots : « Aujourd’hui le salut est venu pour cette maison. » (19.9) Il n’y a pas un seul mot dans tout le passage concernant le pardon des péchés. Je suis bien sûr certain que Jésus a pardonné ce vaurien. Zachée en avait sûrement besoin ! Mais ce que le texte aborde, c’est le changement de comportement économique spectaculaire que Zachée démontre après son face-à-face avec Jésus. Cela aussi, Jésus le dit explicitement, fait partie de ce que le salut au sens biblique veut dire.
Certains évangéliques donnent l’impression que la seule raison pour laquelle le Fils de Dieu est venu sur la terre était afin de mourir. Cela, bien entendu, était une raison pour laquelle il est venu sur la terre, mais c’était loin d’être la seule raison. Il a aussi vécu parmi nous pour nous enseigner et pour incarner un modèle de vie pieuse pour nous montrer comment le Créateur veut que nous vivions. Plus encore il est venu pour sortir du tombeau et conquérir le pouvoir de la mort. Il y a aussi une tendance évangélique à penser que le seul but de la mort de Jésus était d’offrir un sacrifice pour nos péchés. L’explication néo-testamentaire du sens de la croix inclut la vérité merveilleuse que Christ a pris notre place sur la croix, mais elle comprend bien plus que cela ! 1 Jean 3.16 dit explicitement que nous apprenons ce qu’est la vraie vie par le modèle de Jésus sur la croix. Et 1 Jean 3.8 déclare que la raison pour laquelle le Fils de Dieu est apparu est « afin de détruire les œuvres du diable » (voir aussi Hébreux 2.14-15). Comme je le montre avec plus de détails ailleurs, les points de vue moral, substitutif et celui du Christus victor (Christ conquérant le pouvoir du péché et de Satan) sur l’expiation font tous partie de la compréhension merveilleuse et complexe que le Nouveau Testament a de la croix. Tout cela fait partie du salut 6.
Est aussi central pour ce que le Nouveau Testament nous dit du salut, le fait que Christ est à la fois Sauveur et Seigneur. En fait, le Nouveau Testament utilise le mot « Sauveur » pour Jésus seulement 16 fois, alors qu’il se réfère à lui comme Seigneur 420 fois ! Jésus lui-même insistait sur le fait que quiconque voulait devenir son disciple devait prendre sa croix et le suivre. Et Paul et le reste du Nouveau Testament nous font comprendre de façon limpide qu’accepter Christ comme Seigneur veut dire lui soumettre tous les recoins de sa vie. Beaucoup de chrétiens aujourd’hui font comme s’il était possible de diviser Jésus en deux, de l’accepter comme Sauveur et de le négliger comme Seigneur. Mais Jésus Christ est une seule personne. On ne peut pas le déchirer en morceaux de cette manière. Soit nous acceptons la personne toute entière, Seigneur et Sauveur, soit nous ne l’acceptons pas du tout.
Tout au long de la Bible nous voyons le peuple de Dieu essayer de séparer sa relation avec Dieu de ses relations avec son prochain. Et toujours Dieu crie un puissant « non ! » Le peuple d’Israël pensait qu’il pouvait adorer Dieu et opprimer son prochain. Quelle est la réponse de Dieu ? « Je hais, je méprise vos fêtes religieuses… Mais que la justice coule comme une rivière » (Amos 5.21-24). Encore et encore, Jésus insiste sur le fait que « si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes » (Matthieu 6.15). Si nous disons « Seigneur, Seigneur », mais que nous ne nourrissons pas ceux qui ont faim et n’habillons pas ceux qui sont nus, Jésus déclare en Matthieu 25 que nous irons en enfer. Jésus n’enseigne pas là des œuvres de justice. Nos œuvres vivantes pour notre prochain ne nous font pas gagner l’acceptation divine. Mais Jésus dit que nous devons l’accepter comme Seigneur tout autant que comme Sauveur.
L’enseignement biblique sur la conversion et la vie de disciple constituent deux autres façons par lesquelles le Nouveau Testament nous montre que le salut est bien plus que le seul pardon des péchés. Le Nouveau Testament utilise trois mots grecs pour parler de la repentance et de la conversion : Epistrepho qui signifie littéralement : « faire demi-tour », metanoia (souvent traduit par « repentance ») qui signifie « changer de pensée ». Le Dictionnaire théologique du Nouveau Testament dit que la metanoia exige de se « détourner de façon inconditionnelle de tout ce qui est contre Dieu » et de se « tourner de façon inconditionnelle » vers Dieu 7. Le troisième mot, metamelomai, veut dire « changer de pensée ». Ces trois mots désignent la transformation radicale des pensées et des actions qui a lieu lorsqu’une personne se repent, accepte Christ comme Seigneur et Sauveur et fait l’expérience de la conversion. Jésus a dit que le but de sa venue était de nous appeler à la repentance (Luc 5.32). Et Paul a dit aux Corinthiens que « la tristesse selon Dieu produit une repentance qui mène au salut » (2 Corinthiens 7.10). La repentance et la conversion – se tourner vers une direction entièrement nouvelle – sont au centre du salut. Dans son livre magistral Dynamics of Spiritual Renewal, Richard F. Lovelace nous offre un traitement merveilleux de l’importance d’une sanctification continue. Il note que la première étape, celle où l’on vient à Christ, « n’est pas suivie par une instruction approfondie sur la profondeur du problème du péché intérieur résiduel, sur la subtilité de l’implication dans des modèles collectifs de péché et sur la grâce de Dieu disponible pour conquérir la chair » 8. Le résultat est que des assemblées de chrétiens nés de nouveau ne sont pas très vivantes spirituellement. Nous devons retrouver l’accent puritain sur le fait que la mortification du péché qui s’attache si tenacement et si subtilement à nous est le travail de toute une vie.
Le mandat missionnaire final que Jésus nous adresse en Matthieu 28.19 est de « faire des disciples ». Faire des disciples est le commandement de base et deux participes dans le texte grec expliquent ce qu’il signifie : baptiser et enseigner. Nous faisons des disciples de Jésus en les baptisant au nom du Dieu Trinitaire et en leur « enseignant à garder tout ce que je vous ai prescrit » (v.20). Encore et encore, Jésus montre clairement que ses disciples doivent être prêts à abandonner absolument tout – père, mère, sœur, frère, propriété, et même la vie elle-même. Il a dit : « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (Luc 14.26)
Toute notion du salut qui dit qu’il s’agit seulement du pardon ou que les chrétiens peuvent avoir la justification sans la sanctification est aussi éloigné de l’enseignement du Nouveau Testament que le ciel l’est de l’enfer. Dans la perspective biblique, le pardon par la croix et la transformation de notre caractère dans une conversion profonde, la soumission à Christ comme Seigneur de notre être tout entier dans une vie de disciple obéissante, et des relations économiques et sociales rachetées au sein d’une communauté de croyants font tous partie de la réalité merveilleuse et intégrale du salut. Si l’Eglise d’aujourd’hui saisit et embrasse l’enseignement biblique sur le salut, elle criera à Dieu pour recevoir la grâce et la force de fuir le scandale de sa désobéissance actuelle.
Commentaire du Défi Michée :
Le chapitre continue en montrant comment la Bible voit les personnes et le péché, d’une façon contraire à ce que beaucoup d’évangéliques enseignent. Sider dit que plutôt que de voir les personnes comme des « âmes individuelles » qui ont besoin d’être sauvées, nous devons « retrouver une compréhension biblique des personnes comme d’unités âme-corps faites pour la communauté ». De même, il nous exhorte à revenir à la vérité biblique en ce qui concerne notre compréhension du péché qui n’est pas seulement quelque chose de personnel mais aussi quelque chose de social et qui demande une transformation personnelle et structurelle.
La plupart des citations bibliques sont faites d’après la version Segond révisée (Colombe).
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1 Martin Luther, Commentaire sur l’épître aux Galates
2 R.T. Beckwith, G. E. Duffield, et J.I. Packer, Across the Divide (Abingdon, England : Marcham Manor, 1977), 58.
3 Pour une discussion bien plus détaillée voir mon ouvrage Good news and Good Works (Grand Rapids : baker, 1999) 52ss
4 “The Gospel of Jesus Christ : An Evangelical Celebration,” in This We Believe, ed. John N. Akers, John H. Armstrong, and John D. Woodbridge (Grand Rapids : Zondervan, 2000), 240, 243, 247.
5 Philip Yancey What’s so Amazing about Grace ? (Grand Rapids : Zondervan, 1997). Il serait fondamentalement non biblique de limiter la grâce au pardon, ce que Yancey ne fait pas. Dans le Nouveau Testament, se réfère à l’acte incroyable de Dieu qui nous pardonne et à l’acte tout aussi merveilleux par lequel il nous transforme.
6 Voir good News and Good Works, 95-100
7 Pour des références et une discussion bien plus détaillée voir mon ouvrage Good News and Good Works, 103ss.
8 Richard F. Lovelace, Dynamics of Spiritual Renewal (Downers Grove, IL : Intervarsity, 1979), 109.
YEH DIONGUI Christine dit
Je m’appelle pasteur Christine je vis au Sénégal.
Je suis émerveillée par cet enseignement o combien équilibré.
J’ai d’avantage besoin d’être équipe alors que je prêche l’évangile en milieu musulman.
Merci pour ce précieux enseignement.
Demeurez béni.
J’aimerais recevoir davantage s’il vous plaît.