Auteur : Annette Schouten Woudstra
J’ai eu le privilège, ce printemps au Kenya, de rencontrer des gens qui étaient vivants. Ceci à l’air d’être une évidence. Mais dans l’Afrique sub-saharienne, particulièrement pour les femmes, c’est un ‘scoop’. La plupart des gens le savent maintenant, même les gens des églises ont entendu parler – le fait que l’Afrique souffre tragiquement sous le poids d’une pandémie appelée ‘le Sida’, ou le VIH. Les statistiques sont phénoménales—si vous avez un intérêt pour de tels chiffres. Mais des chiffres qu’on aligne sur une feuille ne sont pas des corps et des cerveaux, sans même parler des âmes. Et pour ceux d’entre nous qui sont en mesure d’accéder à un endroit où nous reconnaissons même des corps — ils sont pour la plupart noirs, pauvres, et Dieu sait qu’il y en a beaucoup. Nous avons du mal à saisir la situation, ne trouvant pas le courage ni l’imagination de les voir comme nous nous voyons nous-mêmes ; des membres intégraux des familles et des communautés. En général, c’est même trop difficile de regarder nos voisins dans les yeux.
Ce texte souffre d’une traduction qui n’a jamais été finalisée. Il n’a pas été envoyé aux lecteurs francophones pour cette raison. Malgré tout nous le mettons en ligne avec ses limites car le message du texte original est très fort et nous tenions à en faire partager des bribes.
Pour cet exposé, je ne vais même faire mention de chiffres, les statistiques nous immobiliseront et donc nous donneront d’étrangement excuse. Ici, j’aimerais noter certaines idées et raconter des histoires. Je veux analyser les raisons possibles d’une réaction aussi lente de la part de l’Église face à cette pandémie, et je veux la convaincre d’un besoin urgent de réagir dés maintenant.
Retournons aux corps pour une minute : parce que même si nous arriverons péniblement à accepter l’idée des milliers, voir des millions de corps ; de vies, nous ne pouvons nous arrêter là, mais sommes obligés de voir plus loin, analyser l’existence d’une maladie. Maladie : il est difficile, très compliqué, pas du tout facile, pas pour nous qui avons peu d’expérience avec la mort ; de nos jours dans ce pays. Mais en Afrique sub-saharienne, il est difficile de ne pas trouver quelqu’un, incluant les enfants, qui n’a eu de près une telle expérience. Ça reste toujours menaçant sur la périphérie. Pas forcément menaçant, mais centrale. La mort, comme un étranger soudainement trop intime, une visite d’un cousin perdu de vue– pas tout à fait surprenant – de rester.
Au printemps dernier, pendant que je voyageais en Kenya, je portais avec moi une collection d’essais faits (la plupart) par des femmes Théologiennes Africaines titrés : « Accorde moi Justice ! VIH/Sida et la lecture sexiste de la Bible. Pour être tout à fait honnête, elle est restée quasiment fermée pendant le voyage, j’ai même essayé à une occasion de l’offrir à une responsable d’une groupe à l’Église qui soignait à peu près six mille veuves (et dépourvus de financement proprement parler) Je voulais le lire, mais à la fin de chaque journée j’étais trop épuisée, trop hantée par des visages et ses histoires, et quelquefois — souvent même — j’avais une telle colère que je ne pouvais pas trouver une tête suffisamment vide pour apporter l’attention nécessaire aux idées contenues dans ces essais.
Les essais dans ce livre, pourtant, sont les voix que nous avons besoins désespérément d’entendre par rapport à VIH/Sida en Afrique. Ils sont écris par des femme Africaines qui cherchent leurs voies au milieu de cette pandémie dans le monde biblique. Elles parlent peut-être dans le vide/du milieu du maelström, et nous devons, comme Job, leur prêter une oreille attentive.
Accord moi la Justice : Dieu parle du milieu de la Tempête.
L’histoire de Job est un des essais central de ce livre, et il n’est pas surprenant que Job est ostensiblement le livre qui traite autant le problème de la souffrance dans le monde. (J’admets que je suis un peu distrait par le livre de Job). Pour cette raison l’essai titré « ‘Barak Dieu et Mourir !’ Les Femmes, VIH et la Théologie de la Souffrance » par Sorojini Nadar de l’Université de KwaZulu-Natal, était le centre de ma lecture dans cette collection. Il s’agit d’une relecture du livre de Job d’un point de vue Africain, féministe, et poste colonial. Le passage d’ouverture est une critique cinglante de “la pensée théologique commune” qui “pendant des siècles a encouragé la vision que Dieu punit ceux qui sont ‘méchants’ et qu’Il bénit ceux qui sont ‘bons’ (Nadar 62).
Un point de vue qui emmène littéralement à la mort, quand il s’agit des “salaires” de VIH/Sida en Afrique et les églises qui ont été immobilisées par ce genre d’attitude et qui ne sont pas venues à leur aide et n’ont pas parlé en leur défense. Selon Nadar, “Les théologiens et étudiants de la Bible Africains ne peuvent pas et ne devraient pas être satisfaits avec cette théologie, car si cela est la seule voix théologique qui parle au milieu de toute cette souffrance de cette époque de VIH/Sida, l’avenir lui semble très sombre. Si, cependant, nous écoutons soigneusement, nous pouvons discerner une voix alternative au sein de la Bible, une voix qui critique l’idéologie dominante d’une rétribution et d’une récompense” (Nadar 62). En tant qu’enseignants et étudiants de la Bible à la fois dédiés à un apprentissage biblique, et engagés à rechercher la justice dans le monde, nous ne pouvons pas être satisfaits avec cette théologie « rétribution et récompense » non plus. Nadar indique un autre thème qu’elle accrédite à Brueggemann, appelé « l’embrasse de la douleur » la trajectoire de la Bible Hébreu. (Nadar 63) Elle relate que le Livre de Job maintien la tension entre ces deux idées bibliques de la souffrance, et qu’il est donc important de l’utiliser comme une ressource pour les gens infectés et affectés par le virus du VIH/Sida.
Je crois personnellement que c’est une ressource utile pour nous, parce que si nous voulons toujours décrire l’Église comme ‘Le corps de Christ’, alors l’Église souffre du Sida, nous souffrons du Sida, et nous allons mourir, si nous n’obtenons pas guérison. Nadar illustre la pauvreté de Job : le fait qu’il a tout perdu, et qu’il est malade. Comme l’Afrique, vivant dans ce genre de misère ouvre la porte à toutes sortes de problèmes, et oppression et maintenant le Sida. Elles démontrent que les théories stipulées par les amis de Job sont d’autant plus inutiles, à nous aider à comprendre la dévastation causé par le Sida en Afrique, qu’ils ont été pour Job, celles-ci le conduisaient à une l’affliction et la destruction de sa vie de Job et même à maudire le jour de sa propre naissance.
Par exemple, comme dit Eliphaz à Job en chapitre 4 : “ Qui, étant innocent, n’a jamais péri ?”(Job 4) Job répond : “Ils repoussent l’âne de l’orphelin” (24). La réponse de l’Afrique est : les enfants qui ne sont pas nés mais qui naîtront avec le VIH alors que les pays de l’Ouest ont eu les médicaments préventifs depuis déjà dix ans. Cela veut dire des centaines et des milliers d’enfants vivant avec une sentence de mort non nécessaire dès leurs naissances … mais je me souviens, je ne donne pas de statistiques ici. De toute manière, une est suffisante, non ?
La deuxième hypothèse des amis de Job se présente comme ceci : toujours Eliphaz, chapitre quatre, “Comme j’ai observé, ceux qui sèment la méchanceté et ceux qui sèment la trouble le récoltent.”Nous avons entendu des propositions de l’église avec des théories de ce style, parlant de l’immoralité de la population africaine, osant mentionner le Sida comme la rétribution découlant de cette situation. Et Job a répondu “L’enfant sans père est saisi du sein ; l’enfant du pauvre est saisi pour une dette.” Et moi, personnellement j’ai rencontré trop de femmes fidèles ayant été infectés par leurs maris, ainsi que leurs enfants, quand ces derniers refusent que leurs femmes suivent un traitement, et même nient qu’ils soient la source de l’infection.
Afin de décrire le troisième argument des amis de Job, elle cite le théologien Newsom qui parle d’un problème de théologie et de révélation. Eliphaz a eu une révélation de Dieu concernant la pureté absolu de Dieu, et la pensée théologique bien connue que Dieu ne peut être à l’origine de la souffrance, parce qu’Il est absolument Bon et Juste. La réponse de Nadar est de nous dire que “Job identifie la réalité d’une souffrance injuste des gens sans s’entremêler dans un langage théologique. Il parle uniquement de sa propre expérience et la réalité de ceux qui souffrent.” (Nadar 73) “Soumettez vous à Dieu et soyez en paix avec Lui” Les amis de Job l’encouragent. Mais Nadar nous raconte que Job ne peut pas être en paix avec Dieu et accepte sa souffrance. “Finalement, la pensée abstraite et théologique au sujet de Dieu, proposé par les amis de Job, devient inutile pour lui.” Job doit apprendre à raconter sa propre souffrance à Dieu, et ne pas parler à son sujet. (73)
La pensée théologique et abstraite est devenu inutile pour beaucoup d’entre nous qui se battent avec Dieu et la souffrance et le Sida en Afrique. Le poids de l’expérience et la connaissance de sa propre douleur qu’il connu à travers les arguments fatigants de ces amis riches deviennent trop lourds pour Job. Est–il possible que les Africains ressentent la même chose parfois, dans la compagnie des donateurs pédants, les administrateurs et les ONG et leurs projets éternels. Les malades de VIH/Sida ont besoin de raconter leurs propres opinions contre tous ces projets et ces programmes, c’est la vérité qu’ils connaissent et veulent raconter, tout comme Job.
J’entends toujours la voix d’une jeune Sud-africaine à la Conférence Internationale du Sida à Toronto l’été dernier. Elle annonçait à une foule discutant des problèmes des femmes confrontées par la maladie du Sida, d’une voix claire et forte : Je connais mon ABC. Je me suis retenue jusqu’au jour de mon mariage. J’aimais mon mari et j’étais fidèle (B= soyez fidèle) Alors pourquoi aurais-je raison d’utiliser des préservatifs ? J’ai contracté quand même le Sida. L’église m’a rejeté et m’a tenu responsable. Mon mari m’a quitté. J’ai perdu mon emploi, je croyais que j’allais mourir. (Des variations de ce thème ont été tellement entendu par ceux qui travaillent avec les malades de VIH/Sida que nous les connaissons par coeur : maintenant je connais mon ABC …) Maintenant je suis si en colère quand quelqu’un essaye de prêcher le ABC de la prévention du Sida – ce n’est pas un jeu d’enfants, une chanson que les enfants de quatre ans ont besoin d’apprendre. Il s’agit d’une stratégie qui est aussi utile pour une femme africaine que l’enseignement de la chanson originale du ABC dans la langue Sulu, à un enfant en primaire au Canada.
Ensuite Nadar adresse sans peur la parole divine de Dieu à la fin du livre de Job, afin de trouver un sens pour les malades du VIH/Sida, un sens pour nous aussi. Elle dit que dans son discours à Job, l’objectif est ceci, ‘La rejection du modèle de Dieu tenu par Job comme inadéquate. Le Dieu qui rencontre Job dans les chapitres 38-41 n’est pas le grand patriarche que Job avait cru” Ceci est une bonne nouvelle pour les Africains, surtout les femmes, dans cette ère de la pandémie du Sida parce que, “la raison qui empêche les théologiens et les autres à voir l’impossibilité que le VIH/Sida soit une punition de Dieu c’est qu’ils ont une vision de Dieu comme un grand patriarche – qui siège à la tête de son peuple et qui juge quand ils sont dans l’erreur.” (74) Dieu, non pas comme un patriarche, mais comme une tempête, parle à Job. Il tourbillonne dans une vague de poussière et de pluie et des mots qui font tournoyer l’oreille. Il ne dit pas à Job ce qu’il doit penser, Il dit : tu es surpris que je sois une tempête.Et puis, pense encore, pense différemment. Et à ses amis Il dit, Je suis en colère avec vous, vous aviez tous tort. Le but de lire Job dans la dans la période de la maladie du Sida en Afrique, est d’apprendre comment ne pas parler contre Dieu pendant cette période de souffrance. Cela nous ouvre la voie pour aller à l’encontre d’un soutien pastoral inadéquate, des interprétations théologique corrompus et une peur à l’égard du VIH/Sida qui n’est pas justifié.
Je ne pense pas que le Livre de Job nous donne une réponse complète au problème de la souffrance. Il nous procure une voix alternative à une idéologie théologique qui est si enraciné dans les textes bibliques qu’elle est devenue la marque de notre théologie d’aujourd’hui. Les points de vu alternatifs de la lecture de Job par une féministe Africaine a donné, nous espérons, une autre approche pour ceux qui sont infectés et affectés par le VIH / Sida pour parler de Dieu au milieu de leur souffrance.
Cette vision alternative est un nouveau départ, dit Nadar à l’Église. Est ce que cela peut aider ? Dans mes discours adressés à l’Eglise concernant les malades de VIH et du Sida en Afrique, cela aide, et il est nécessaire de commencer par là. Presque deux milles mots et maintenant nous voici : à seulement un bon endroit pour commencer. Je crois que la différence entre ce qu’a fait, et n’a pas fait, la communauté des croyants en générale pour le problème de Sida durant les derniers vingt cinq années, est enracinée ici ; dans la notion théologique de rétribution et de récompense, qui a toujours eu une attitude néfaste au sujet des relations sexuelles et surtout par rapport aux femmes.
Prêtant attention à la Vérité à travers les Histoires
Maintenant que nous avons commencé, j’aimerais dire encore une chose au sujet du livre de Job. Peut-être il y a un autre indice dans le discours de cette tempête qui est Dieu, par rapport à l’approche de l’Eglise face au Sida. Imaginons que la charnière entre Dieu et la souffrance est histoires ? Pendant que Dieu nous raconte poétiquement son histoire, écoutez, car peut-être Il nous indique comment traiter les afflictions dans nos vies : nous devons raconter et écouter des histoires. Dieu a choisi de raconter l’histoire d’une Création immense, Il raconte à Job le contraire d’un conte de fée. C’est une histoire de réveil, d’un langage plein de belles images et d’idées. La réponse de Dieu à l’histoire de Job est de lui raconter une de ses propres histoires.
Utilisons le langage de Simone Weil : “Parce que l’affliction et la vérité ont besoin de la même attention avant qu’elles puissent être entendues, l’esprit de la justice et l’esprit de la vérité ne sont rien qu’une certaine forme d’attention, qui est l’amour pur.” Peut-être une fois que nos histoires sont justes, où au moins que nous ayons mis de côté nos théologies incorrectes, alors nous pourrions commencer à prêter une réelle attention. A la recherche de vérité et une justice, cette attention n’est autre que de l’amour pur. Si nous prêtons attention, nous écoutons les expériences des autres. Nous arriverons à aimer en écoutant l’histoire de la souffrance.
Une convergence d’Histoires
Bryant Myers discute dans son livre Walking With The Poor (Marchant avec les Pauvres), l’idée de la nécessité et de l’importance de la convergence des histoires. Walking with the Poor est un gros livre, de couverture souple, sous-titré Les Principes et les Practices du Développement Transformationnel. Myers était Vice Président de World Vision et il a plus de vingt ans d’expérience de développement à travers le monde. Ceci est un livre très intensif sur la théorie de développement Chrétien que j’ai jamais lu, et plus important encore, il met l’accent sur l’importance du développement holistique de tous les aspects de la vie. C’est un travail beaucoup trop profond et intense pour traiter ici, mais j’aimerais accentuer sur une de ses idées, qui me semble centrale et très pratique – que l’Église adopte et utilise dans sa lutte contre la pandémique du Sida – celle de raconter des histoires..
“Le contexte dans lequel le développement se réalise [est] dans la convergence des histoires.” (Myers 11) Ce que j’ai apprécié avec Myers à ce sujet, est le fait qu’il accentue que l’histoire de la communauté lui appartient, et ne doit pas être utilisée par quiconque vient au nom du développement et de la guérison. (Myers 112) Il raconte comment chaque histoire – la notre et celle des autres – est enveloppée dans une narration biblique, l’histoire complète et essentielle de la création, le péché, la rédemption et le renouvellement. Ceci nous enferme tous dans les bras de l’histoire, ceci nous permet de voir les choses comme à travers les yeux de Dieu. A mon expérience, trop souvent l’importance est placée sur l’histoire de l’agence de développement, ou leur « mission » et tous les outils importants qu’il peut apporter à une communauté qui se trouve dans le besoin, mais les véritables histoires de la communauté sont reléguées sur le banc de réserves, jusqu’à ce qu’il soit « propice » peut-être, de les entendre de nouveau. Il est écrit par Myers que “la reconnaissance et le témoignage que Dieu est au sein de l’histoire de la communauté est un acte de discernement, un acte spirituel. C’est aussi un acte de guérison. Le fait de demander à une communauté de trouver Dieu dans son histoire est une façon d’aider les membres à se rendre compte qu’ils ne sont pas oubliés de Dieu.” (139)Assurer que les marginalisés dans la communauté ont une voix pour raconter leur histoire est un facteur essentiel dans cette pratique.
Face à cette pandémique, je crois qu’il est crucial de se rendre compte, que la stigmatisation de cette maladie, ici et à l’étranger, peut uniquement être vaincu en racontant des histoires, par chaque individu affligé par le Sida. Quand les femmes et les enfants surtout reçoivent une voix, les choses commenceront à changer. Ceci est devenu une sorte d’idéologie parmi les groupes de sensibilisation et de témoignage du VIH/Sida : seulement quand les femmes et les enfants sont reconnus et deviennent des membres de la société appréciés et égaux, pourrons nous commencer à voir la pandémique en Afrique s’éloigner. Ceci se passera quand leurs vies sont vues et entendues, dans leurs propres communautés et dans la notre. Ceci se passera seulement quand le ABC est remplacé par un accès à l’éducation pour toutes les filles ; une protection contre la violence et le viol des femmes ; et qu’il y ait de la nourriture pour les veuves et les familles dirigées par des enfants ; des droits d’héritage pour les femmes ; un travail reconnu et honoré pour les femmes dans les communautés et les familles.
Deux Histoires et un Rêve pour l’Église
Il était une fois en Kenya une femme nommée Marie, elle avait quatre enfants et un mari stable et fiable, bien qu’il travaillait loin de la famille pour la plupart de l’année. Marie avait un petit jardin. Elle avait du mal à payer pour les uniformes pour l’école et pour les médicaments quand les enfants tombaient malade, mais elle réussissait à les emmener à l’école la plupart du temps. Et seulement deux de ses enfants sont mort, quatre ont survécu au-delà de l’age de deux ans. Un jour, Marie est tombée malade, son corps ne réussissait plus à lutter contre les maladies opportunistes, son mari l’avait infecté par le Sida, quand il a ramené la maladie de son autre femme qui vivait dans la ville où il avait trouvé du travail. La belle famille de Marie, submergé par la suspicion et la peur, a pris la décision de l’expulser de sa propre maison et ils l’ont envoyé dans la maison de ses parents mourir dans la honte.
Des gens bons de la communauté, (travaillant pour le CRWRC), l’ont trouvé, l’ont conseillé et ils l’ont testé pour le VIH. Quand ils ont découvert qu’elle était séropositive, ils ont prescrit des médicaments anti-rétrovirales (ou ART : thérapie anti-rétroviral). Elle avait un niveau CD4, testé de la faculté de son corps à lutter contre l’infection, était de presque zéro. Elle a failli mourir. Mais elle a survécu, luttant contre les effets secondaires avec une volonté féroce et tenace. Je l’ai rencontré dans les champs ou elle travaillait, une binette à la main, elle avait l’aire robuste, son jardin était florissant, elle avait un jeune fils à son coté. Elle était très occupée à planter des arbustes de fruits de passion dans un champ énorme. Elle était en bonne santé. Sa famille était retournée. Quand l’infirmière qui l’avait soignée m’a raconté son histoire pendant que nous traversions les champs de maïs pour la rendre visite, sa voix tremblait. Elle se souvenait les moments qu’elles avaient passé ensemble, ces deux femmes, unies. Cela se voyait dans leur embrasse. Marie était une des premières femmes à recevoir le traitement des ARV et elle avait survécu.
Ceci s’appelle l’effet-Lazare. Ce retour à la vie qui se passe avec les malades du Sida quand ils reçoivent le traitement Anti-Rétrovirale. Ceux qui l’ont vu semblent de ne jamais l’oublier, c’est, comme ils disent, un miracle moderne. Je suis sur que ceux qui ont vu le premier effet-Lazare ne l’ont jamais oublié. Jésus, plein d’émotion et d’amour pour cet homme mort et pour ses soeurs dans Jean, Chapitre 11, pleur quand il voit le tombeau, quand la sœur de Lazare, Marie, qui n’est pas venue rencontrer Jésus dans son désespoir (sa colère, son épuisement, sa confusion ?) arrive finalement et tombe à ses pieds. Elle sait. Marie sait que si Jésus avait été là, son frère Lazare ne serait pas mort et elle le dit, à haute voix. Jésus, convaincu, ressuscite les morts, en pleurant.
Je ne peux pas m’empêcher de penser, quand j’entend des histoires comme cet effet-Lazare, des traitements des anti-rétrovirales, et quand je rencontres ces gens, quand je serre leurs mains solides, en personne — n’est ce pas ce que l’église devrait désirer, et surtout de s’impliquer dans cet effet—Lazare ? L’effet Lazare ? La résurrection des morts ? Le vrai sauvetage ‘en chair et en sang’ des mères et des enfants, des cordonniers, des sages-femmes, des élèves, des ramasseurs d’ordures, des coiffeurs, etc, etcetera, dans le vaste panoplies de vies humaines. N’est ce pas le travail de l’église de faire des miracles, de ressusciter les morts, de transformer des événements tragiques en événements de joie, d’espoir, de vie ?
Bien sûr ce n’est pas si facile que ça. Mais ça pourrait l’être. Qu’est ce qui se passera si l’église au lieu de dépenser tant d’énergie au sujet des mariages homosexuels par exemple, ou la célébration de son anniversaire en Amérique du Nord, décide définitivement d’agir et de défendre la cause de la distribution des anti-rétrovirales en Afrique. Une idée folle, et une idée qui vient d’une tête trop chargée avec la mémoire de visages, d’yeux que j’essayais de fixer, de mains que j’ai tenues, des enfants que j’ai entendus chanter. (Parce que une fois, je les ai entendu chanter, avec des vois fortes, chantant la beauté du matin, Jésus qui marche avec eux. Et je savais que beaucoup de leurs parents étaient morts, les parents de ses enfants avec les belles voix. Et étant tous adolescents, ils avaient probablement dans leur fort intérieur la connaissance intime de la mort. Mais ils chantaient à voix haute quand même. Les garçons exubérants dans leurs pulls bleus. Les filles portant leur propre corps comme des croix à supporter.)
Petite Fille Je vous dis de vous lever
Je veux finir en vous ramenant à des écrivains Africain dans la collection Accorde moi la Justice. Dans un essai brilliant appelé ‘Talitha Cum ! Une lecture Féministe et Poste colonialiste, de VIH/Sida de Marc 5 :21-43”, Musa Dube attire notre attention sur une image encore plus captivante dans la Bible à lire face aux maladies VIH/Sida. Marc 5 est l’histoire de Jésus qui ressuscite la petite fille, et la guérison de la femme qui saignait sur le chemin. « Si il existe un nom qu’on peut donner à la théologie des femmes Africaines, alors il devrait être “Les théologies Talitha Cum — qui font référence à l’histoire de la guérison de la femme qui saignait et la résurrection de la petite fille morte » (Dube 133)
Voici l’effet Lazare pour les femmes : les femmes anonymes de la bible qui néanmoins prennent en mains leurs vies et leur santé, comme la femme perte de sang qui toucha Jésus, et comme la fille d’incroyable espoir pour les Africaines. Peut être, écrit Dube, l’histoire devient centrale parce que trop de femmes Africaines ont frôlé de trop prêt la mort depuis quelque temps. Trop près de la maladie, la guerre, la pauvreté, et sous le poids du colonialisme et le pouvoir patriarcal. En plus, dit elle, il s’agit peut être d’un testament à ‘l’espoir borné, qui s’élève au milieu du désespoir, la main tendue, le touché, l’échappée des maladies et de la mort coloniaux et patriarcaux, le soulèvement des forces diverses contres les forces de la mort qui restent les points centraux de cette histoire pour beaucoup de théologiennes Africaines.” (133)
De ma part, je veux donner un nom à ces femmes : la fille morte, la femme qui saigne. Je sais que nos histoires se convergent, qu’à la fin elles se mélangeront. Jésus dit des choses intéressantes dans l’histoire de Marc. Il dit au père qui vient d’apprendre que sa fille est décédée : ‘N’ayez pas peur, croyez.’ Ce qui me semble un peu insensé. Mais il s’agit là peut être de l’essentiel. Et quand la femme avec sa foi désespérée mais sincère, a touché secrètement son manteau, encore Jésus insiste à savoir qui lui a touché, et il l’a guéri. Il veut entendre l’histoire. Et l’évangéliste de Marc dit que la femme, en tremblant, a raconté ‘toute la vérité’ de son histoire. Et après douze années de souffrance, cela a du être une histoire impressionnante.
Ô que l’église chercherait des histoires derrière la souffrance, comme a fait Jésus, de les entendre. “Je suis venu qu’ils aient de la vie” a dit Jésus, de sa propre mission dans le monde. Nous n’avons ni indication ni invitation plus claire que d’être là, au milieu de la souffrance du Sida en Afrique, d’être généreux, comme disait Jésus, à donner des journées et des années quand il nous est possible ; à nous impliqué dans cette histoire de souffrance et de son point final – la Vie.
Bibliographie :
Myers, Bryant L. Walking With The Poor, Principles and Practices of Transformational Development. Maryknoll : Orbis Books, 1999.
Nadar, Sorojini. “’Barak God and Die !’ Women, VIH and a Theology of Suffering”,
Grant Me Justice ! VIH/AIDS and Gender Readings of the Bible. Eds. M.W. Dube and M. Kanyoro : Pietermaritzburg : Cluster Publications, 2004.
Weil, Simone. The Simone Weil Reader. Ed. George A. Panichas. Wakefield : Moyer Bell,
1999.
D’autres lectures à voir :
The Invisible Cure, Africa, the West, and the Fight Against AIDS, by Helen Epstein
When Bodies Remember, Experiences and Politics of AIDS in South Africa, Didier Fassin
Race Against Time, Stephen Lewis
Annette Schouten Woudstra, “ Lazarus-like” August 2007 17
28, Stories of AIDS in Africa, by Stephanie Nolen
Illness as Metaphor and AIDS and Its Metaphors, Susan Sonta
Ethics & AIDS in Africa, The Challenge to Our Thinking, Eds. a. van Niekerk, L. Kopelman
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