IDEA Décembre 2006
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement servent-ils à quelque chose ?
Le contexte : le plus important quartier (60 000 habitants) de Ndola, deuxième ville du pays.
Un quartier qui s’est constitué de manière non-planifiée, par l’arrivée de réfugiés de diverses régions. Des pasteurs désunis, des Églises peu soucieuses des besoins de la communauté.
Le quartier n’est pas cadastré, il n’y a pas de réel propriétaire pour les habitations et les terrains. Un réseau d’eau potable passe sous le quartier pour approvisionner les beaux quartiers, mais le quartier ne dispose pas d’eau potable, l’électrification y est peu étendue, pas d’enseignement secondaire et un enseignement primaire aux moyens limités. Pas de médecin résident, uniquement un petit dispensaire. La communauté est marquée par l’alcool et le vice.
La méthode : le coordinateur national du Défi Michée (Lawrence Temfwee) à travers son organisation, le Jubilee Center, va susciter et accompagner des initiatives locales, sans entrer dans une démarche d’assistanat pour résoudre les problèmes. Il commence son travail vers le changement et l’unité par les pasteurs.
À travers un travail de sensibilisation, l’organisation de réunions, un accompagnement des démarches… il amène les villageois à rêver d’un autre quartier, d’une autre vie. Puis un ensemble de changements nécessaires sont énumérés et une démarche est formalisée.
Des élections de proximité arrivant, les membres de la communauté décident de ne plus faire leur choix de vote en fonction des bières ou des T-shirt offerts par les candidats, mais en fonction des besoins de la communauté qu’ils font connaître par écrit aux candidats et des propositions de ceux-ci. Après les élections, les délégués de la communauté viennent rappeler au candidat élu ses engagements.
Les besoins formulés :
Réfection des routes, construction d’un collège, évolution du dispensaire en hôpital, cadastrage du quartier, réfection des principaux marchés, raccordement au réseau d’eau potable et mise en place d’un réseau d’évacuation des eaux usées, mise en place d’un centre de prévention et de lutte contre le sida.
Pour chaque demande, une description du besoin est faite, avec énumération de la situation si le changement a lieu, et s’il n’a pas lieu.
Ainsi pour l’eau potable et l’évacuation des eaux usées :
« L’eau est le sang vital de notre communauté, essentiel à notre survie. Sans conduite d’eau, nous sommes obligés d’utiliser nos puits peu profonds ou de faire de longues distances pour acheter de l’eau. En outre, une mauvaise évacuation est la cause majeure des maladies qui se développent dans l’eau. Avec des conduites d’eau, notre situation est grandement améliorée. Et avec l’évacuation des eaux usées, les risques de maladie sont grandement réduits et le niveau de santé de la communauté est augmenté.
Sans eau courante et sans évacuation des eaux usées dans notre communauté :
- les maladies dues à l’eau surgissent dans notre communauté
- les routes et les habitations sont vulnérables aux inondations et aux écoulements excessifs d’eaux usées
- les puits peu profonds causent des dysenteries, diarrhées, choléras, etc.
- les frais d’achat d’eau sont importants, des taxes de commerce sont perçues
- l’eau stagnante devient un nid infesté de moustiques avec le paludisme pour conséquence.
Avec eau courante et évacuation des eaux usées dans notre communauté :
- l’accès à de l’eau propre, sûre et potable est amélioré
- la longévité des rues et des habitations est augmentée
- on prévient des maladies comme le paludisme, la dysenterie, les diarrhées, le choléra
- les frais pour l’eau sont réduits et dépolitisés
- le niveau de santé général de la communauté est rehaussé.
La communauté pourvoit à 25 % des frais et de la main d’œuvre nécessaire à l’accomplissement des travaux. Une fois l’accord obtenu, la communauté fait sa part des travaux puis va plaider devant les autorités pour qu’ils accomplissent leur part.
À quoi servent les OMD dans cette démarche ?
Ils sont le point d’appui pour justifier la demande. Dans le courrier envoyé aux candidats, la communauté a souligné que leur demande et leur engagement se fondaient sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement de l’ONU que le gouvernement Zambien s’était engagé à accomplir dans son pays. Ils accompagnent et légitiment ainsi la démarche de plaidoyer de la communauté.
Le résultat : la communauté a été transformée par la formation de ses pasteurs qui ont acquis les capacités de plaider pour la transformation de leur communauté. La communauté a pris conscience de ses propres besoins et se les ai appropriés. Ainsi, même si parfois rien ne se passe au niveau politique, la communauté est mobilisée en faveur de sa propre transformation.
Certains changements structurels ont déjà eu lieu, mais surtout, la communauté et la vie dans le quartier ont profondément changé. Elle a maintenant un regard positif sur elle-même et ses capacités, le cadre de vie a changé, l’insécurité et le vice n’y règnent plus.
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