Auteur : CB Samuel
On peut donner beaucoup de raisons pour lesquelles les chrétiens devraient pratiquer la justice. L’une est évidemment la requête du Seigneur énoncée par Michée : « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu. » (6.8) Mais vous êtes-vous jamais demandé pourquoi on attend de Dieu qu’il fasse justice ? Pourquoi une telle expectative ?
En Inde, ce qu’on attend naturellement de la divinité n’est pas la justice, c’est la sainteté. Nos images de la sainteté n’ont aucun lien avec l’action. Les saints hommes et femmes de Dieu sont ceux qui se sont retirés du monde pour parvenir à un état paisible de vie dans la présence de Dieu ! On attend de telles personnes qu’elles soient des instruments de bénédiction. Les gens les recherchent pour recevoir une bénédiction ou pour qu’elles intercèdent pour eux. L’action est presque toujours perçue à l’autre extrémité du spectre, trop souvent considérée comme politique et donc comme n’ayant rien à avoir avec la sainteté. Je pense que cette attitude n’est pas rare même chez les chrétiens. Je suis toujours amusé de la façon dont je suis présenté comme « un Homme de Dieu », quand je suis invité pour enseigner la Parole, et comme un « Ouvrier ou Théoricien du développement », quand je suis impliqué dans l’action ! Cette subtile distinction met à nu notre façon de penser tant la Sainteté que l’Engagement social.
Une telle dichotomie n’est assurément pas biblique. Le Dieu de la Bible est connu comme le Dieu juste (Ésaïe 30.18). La justice est le caractère de Dieu. La Bible dit : « L’Éternel des armées est élevé par le droit, et le Dieu saint est sanctifié par la justice. » (Ésaïe 5.16) Dieu révèle sa sainteté par son engagement envers le droit et la justice. La sainteté n’est pas une école ou une ligne de pensée. Il est très important de comprendre que, lorsque nous parlons de justice, nous parlons du caractère d’un Dieu saint. Par conséquent, quand nous retrouvons la justice dans l’Église, nous devons retrouver une compréhension de Dieu comme un Dieu saint. Cela veut dire que Dieu montrera sa sainteté par sa justice.
Et cette « démonstration de sainteté » se voit on ne peut plus clairement dans le don de l’Esprit Saint, mentionné dans le Chant du Serviteur bien connu du livre d’Ésaïe.
Puis un rameau sortira du tronc d’Isaï,
et le rejeton de ses racines fructifiera.
L’Esprit de L’Éternel reposera sur lui :Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de vaillance, Esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. Il respirera dans la crainte de l’Éternel ; il ne jugera pas sur l’apparence, il n’arbitrera pas sur un ouï-dire. Mais il jugera les pauvres avec justice, avec droiture il sera l’arbitre des malheureux de la terre ;
il frappera la terre du sceptre de sa parole, et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant.
Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité la ceinture de ses hanches. (Ésaïe 11.1-5)
Et encore :
Voici mon serviteur auquel je tiens fermement, mon élu, en qui mon âme se complaît. J’ai mis mon Esprit sur lui ; il révèlera le droit aux nations.
Il ne criera pas, il n’élèvera pas la voix et ne la fera pas entendre dans les rues.
Il ne brisera pas le roseau broyé et il n’éteindra pas la mèche qui faiblit ;
il révèlera le droit selon la vérité. Il ne faiblira pas ni ne s’esquivera, jusqu’à ce qu’il ait établi le droit sur la terre,
et que les îles s’attendent à sa loi. (Ésaïe 42.1-4)
Et enfin :
L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a donné l’onction. Il m’a envoyé pour porter de bonnes nouvelles à ceux qui sont humiliés ;
pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs leur libération et aux prisonniers leur élargissement ; pour proclamer une année favorable de la part de l’Éternel et un jour de vengeance de notre Dieu ; pour consoler ceux qui sont dans le deuil…
(Ésaïe 61.1-2)
L’Esprit Saint donnera au Messie (et à son peuple à sa suite) la possibilité d’apporter la justice. La Bible comprend que l’Esprit, qui habite en nous, nous rend capables de manifester le caractère de Dieu.
Je loue Dieu de ce que la reconnaissance de la place de l’Esprit Saint dans la vie et la mission de l’Église est croissante. Malheureusement, une grande partie du rétablissement est limitée à la façon d’adorer et à la place des dons (en particuliers les plus spectaculaires). Il semble que nous ayons compris la puissance de Dieu comme la manifestation de sa présence, plutôt que le caractère de Dieu. Nous avons ainsi perdu notre souci de la justice.
Nous excellons dans la conception de programmes. Mais la justice n’est pas un programme de Dieu, c’est son caractère. Quand la justice se réduit à un programme, nous pouvons choisir de la pratiquer ou de ne pas la pratiquer. Mais si la justice est notre caractère, nous n’avons plus le choix. Elle se manifestera dans notre vie, dans nos actions et dans nos priorités. Quand la justice devient le caractère de la communauté chrétienne évangélique, la justice devient notre façon de voir les choses, notre façon d’ordonner notre vie et notre façon d’ordonner notre foyer.
Questions à méditer et à discuter
1. Comment peut-on comparer la manifestation de la présence de l’Esprit, décrite dans les passages d’Ésaïe mentionnés ci-dessus, avec la compréhension que en nous avons dans notre Église et dans notre communauté ? En quoi diffère-t-elle ? Et pourquoi ?
2. Comment pouvons-nous retrouver un lien entre la sainteté et l’action dans la vie et la mission de l’Église ?
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