Auteur : Bryant Myers (Worldvision)
Nous savons tous qu’Ésaïe est un livre qui parle d’un peuple que Dieu décide d’exiler du territoire qu’il leur a donné en punition de leur infidélité. Nous savons tous que le Dieu de la Bible est un Dieu jaloux. Mais quelle était exactement la nature de l’infidélité d’Israël ? Un regard attentif sur Ésaïe fait apparaître une description curieuse et même déroutante du problème que Dieu a avec son peuple. Cependant, je crois qu’il est important pour nous de trouver le sens de ce qui semble confus dans ce livre.
Voyons si je peux clarifier ce que je veux dire et voyons ce que nous pouvons en tirer comme leçon.
Ésaïe 1
Le premier chapitre d’Ésaïe est un peu comme un préambule. Dans un seul et bref chapitre, Ésaïe dépeint le problème que Dieu a avec Israël. Un coup d’œil sur ce premier chapitre fixe le décor pour les 50 chapitres suivants. Mais je trouve que c’est un préambule déroutant, au moins à première vue. Il commence par se concentrer sur le culte et se termine par une mise en accusation accablante de l’injustice sociale. Nous sommes confrontés à une question très importante pour l’Évangile : qu’est-ce qui est essentiel ? Un culte droit ou des relations justes ? Dans les versets 2 à 4, le problème de Dieu avec Israël semble clair. A travers le livre d’Ésaïe, Dieu annonce que ses enfants se sont révoltés contre lui. Dieu se plaint du fait que si un bœuf connaît son maître, « Israël ne connaît rien, mon peuple ne comprend pas ». Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas ? « Ils ont abandonné l’Éternel, ils ont méprisé le Saint d’Israël. Ils se sont retirés en arrière… » Israël souffre d’une crise d’identité. Israël a oublié qui elle est et à qui elle appartient. Le texte se poursuit en indiquant que la preuve de cette crise apparaît dans son culte. Ésaïe nous dit que le culte d’Israël est vide, sans signification ni intention. Tous les aspects extérieurs du culte sont là – des taureaux, des animaux engraissés – mais Dieu les rejette comme « de vaines offrandes ».
OK, donc Israël souffre d’une sorte de nominalisme ou de fausse religiosité. Nous pouvons comprendre cela. Après tout, nos Églises se battent avec la même chose. Mais Ésaïe semble maintenant changer de sujet. Comment Dieu sait-il que les offrandes et les pratiques religieuses sont vides ? Quelle preuve Dieu cite-t-il pour appuyer sa conclusion ? « Quoi donc ! La cité fidèle est devenue une prostituée ! Elle était remplie de droiture, la justice y séjournait… Tes chefs sont rebelles et complices des voleurs… Ils ne font pas droit à l’orphelin, et la cause de la veuve ne les préoccupe pas. »
Les indicateurs d’un culte véritable semblent être la façon dont Israël et ses dirigeants agissent en termes de soin des veuves et des orphelins. Quel étrange déplacement. La preuve d’un culte véritable est-elle un comportement social juste ? Est-ce que cela peut être vrai ? Peut-être Ésaïe a-t-il perdu le fil de sa pensée ou quelque chose du texte original s’est-il perdu ?
Ésaïe 2 et 3
Le chapitre 2 continue avec le même thème. « Tu (Dieu) as abandonné ton peuple, la maison de Jacob. » Et quelle raison est donnée pour cet abandon ? « Il est rempli des pratiques de l’Orient, et de la magie comme les Philistins, et il s’accorde avec les fils des étranger. » (Ésaïe 2.6) OK, ça c’est mieux. Ésaïe a retrouvé ses esprits avec le thème de la justice dans le culte. Dieu seul est Dieu. Dieu seul doit être adoré et Israël n’est plus fidèle à son Dieu. Elle adore d’autres dieux et c’est clairement quelque chose de mal. Le reste du chapitre 2 nous dit que la réaction de Dieu à ce culte faux sera le jugement, et le chapitre 3 décrit ce que le jugement de Dieu sera. Ésaïe semble avoir retrouvé ses esprit maintenant.
Mais quand Dieu prend place dans sa cour et se lève pour juger son peuple et entre en jugement en Ésaïe 3.13, ses récriminations ne mentionnent jamais un culte faux ou les idoles. « Vous avez brouté la vigne ! La dépouille du pauvre est dans vos maisons. Pourquoi donc foulez-vous mon peuple, écrasez-vous la face des pauvres ? » De la même façon que dans le chapitre 1, la preuve du culte infidèle d’Israël n’est pas ce que nous considérerions normalement comme un culte faux. C’est un manque de justice, et l’impact de ce manque de justice sur les pauvres.
Ésaïe 58.
Cet étrange va-et-vient entre un culte véritable et des relations justes continue tout au long d’Ésaïe et culmine d’une manière retentissante en Ésaïe 58. Ce chapitre commence par l’appel de Dieu à un culte véritable et continue par une description du jeûne véritable. Cependant la description du jeûne véritable n’est pas ce que nous attendrions. « Voici le jeûne que je préconise : détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens du joug, renvoie libres ceux qu’on écrase, et que l’on rompe toute espèce de joug ; partage ton pain avec celui qui a faim et amène à la maison les pauvres sans abri ; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de celui qui est ta propre chair. » Encore une fois, une conversation sur le culte se termine en traitant de justice sociale et du soin « aux plus petits de ceux-ci ».
Même Ézéchiel !
Et ce n’est pas seulement Ésaïe qui semble faire un glissement spontané entre un culte juste et la justice sociale. Le même thème apparaît chez Ézéchiel quand il décrit les péchés de Jérusalem. « Chez toi, l’on reçoit des présents pour répandre le sang. Tu exiges un intérêt et une usure, tu spolies ton prochain par l’oppression, et moi, tu m’oublies, – oracle du Seigneur, l’Éternel. » (Ézéchiel 22.12) Quand nous agissons de manière injuste et que nous tirons avantage des autres, Ézéchiel semble dire que cela signifie que nous avons oublié Dieu.
La réponse de Jésus
Un culte juste ou des relations justes ? De quoi s’agit-il ? Est-ce qu’Ésaïe et Ézéchiel se sont embrouillés les idées ? Ou se pourrait-il que ce soit nous qui n’y soyons pas, tout comme Israël n’y était pas ? Comment un culte juste et un comportement social juste peuvent-ils être liés l’un à l’autre ? Comme toujours, Jésus nous donne la réponse et c’est vraiment plutôt simple. Quand on demanda à Jésus ce qu’il fallait faire pour hériter la vie éternelle, il répondit par ce qu’il appela le plus grand commandement : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. » (Luc 10.27) C’est là un seul commandement et non deux. C’est un commandement qui concerne nos relations – notre relation avec Dieu et les uns avec les autres. Ce n’est pas seulement un commandement qui concerne qui nous devons adorer mais aussi qui nous devons aimer. C’est un commandement qui ne concerne pas seulement ce que nous devons croire mais aussi ce que nous devons faire.
Aimer Dieu et aimer notre prochain sont les deux côtés de la pièce unique de l’Évangile. Ils sont inséparables, indissolublement reliés. Quand nous essayons de faire une de ces choses et que nous manquons de faire l’autre, nous tombons dans l’erreur, tout comme ce fut le cas d’Israël. Quand nous rendons un culte à Dieu et que nous manquons d’aimer notre prochain, notre culte devient vide et notre Seigneur se met en colère. En fin de compte, la façon dont nous traitons les pauvres est une mesure de qui nous adorons vraiment.
http://www.worldvisionresources.com
Laisser un commentaire