Auteur : Janani Luwum
LE 6 JANVIER 1948 un jeune instituteur, Janani Luwum, s’est converti au christianisme charismatique du réveil d’Afrique orientale, dans son village d’Acoli, Ouganda. Il est aussitôt devenu évangéliste, mettant en garde contre les dangers de l’alcool et du tabac et, aux yeux des autorités locales, menaçant la paix.
Cependant, Luwum ne s’est pas laissé abattre par la censure officielle. Il était bien décidé à affronter tous ceux qui, à ses yeux, avaient besoin de changer de façon de vivre devant Dieu.
En janvier 1949, Luwum est entré dans un séminaire de théologie à Buwalasi, dans l’est de l’Ouganda. Il en est sorti catéchiste, une année plus tard. En 1953, il y est entré à nouveau pour se former en vue de l’ordination. Il a été ordonné diacre le jour de la Saint Thomas, 21 décembre 1955, et prêtre une année plus tard. Ses progrès étaient impressionnants : après deux périodes d’étude en Grande-Bretagne, il est devenu principal du séminaire de Buwalasi. Puis, en septembre 1966, il a été nommé Secrétaire Provincial de l’Église Anglicane d’Ouganda, du Rwanda, du Burundi et du Boga-Zaïre. C’était une position difficile à occuper en ces jours de grande angoisse. Mais Luwum s’est acquis une réputation de dirigeant créatif et actif, mettant en avant une nouvelle vision avec beaucoup d’énergie et d’engagement personnel. Trois ans plus tard seulement, il a été consacré évêque d’Ouganda septentrional, le 25 janvier 1969. Parmi l’assistance des cultes en plein air on comptait le premier ministre d’Ouganda, Milton Obote, et le chef d’état-major de l’armée, Idi Amin.
Amin recherchait le pouvoir pour lui-même. Deux ans plus tard, il renversa Obote dans un coup d’état. Au gouvernement, il dirigeait par l’intimidation, la violence et la corruption. Des atrocités, contre les peuplades Acoli et Langi en particulier, ont été perpétrées à de nombreuses reprises. La population asiatique a été expulsée en 1972. C’est au sein d’une telle société, qu’en 1974 Luwum a été élu archevêque d’Ouganda, Rwanda, Burundi et Boga-Zaïre. Il a résolument poursuivi la réforme de son Église à temps pour marquer le centenaire de la création de la province anglicane.
Mais il a aussi mis en garde l’Église de ne pas se conformer aux « puissances des ténèbres ». Amin a cultivé une relation avec l’archevêque sans doute pour acquérir une certaine crédibilité. De son côté, Luwum a cherché à atténuer les effets de la domination d’Amin, et à plaider en faveur de ses victimes.
Les Églises anglicane et catholique romaine ont travaillé de plus en plus ensemble pour construire le cadre d’une réponse aux questions politiques de l’époque. Bientôt elles se sont unies aux musulmans d’Ouganda. Le 12 février 1976, Luwum a porté devant Amin une protestation contre tous les actes de violences qui étaient attribués aux services de sécurité. Des responsables d’Église ont été convoqués à Kampala, puis ont reçu, l’un après l’autre, l’ordre de partir. Luwum, se tournant vers l’évêque Festo Kivengere, lui a dit : « Ils vont me tuer. Je n’ai pas peur. » Resté seul, il a été enlevé et mis à mort. Plus tard, son corps a été enseveli près de l’église Saint Paul à Mucwini.
L’État d’Amin a été détruit par les armées d’invasion tanzanienne en 1979. Amin lui-même s’est enfui à l’étranger et a échappé à la justice.
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